Marie Claire

La photo d’enfance Jane Birkin

Ce mois-ci, la chanteuse et actrice Jane Birkin, qui publie son journal intime*, se souvient du temps des vacances anglaises, avec ses parents, son frère et sa soeur. Et de ce sentiment de totale liberté, jamais retrouvé.

- Par Marina Rozenman

“J’ai 13 ans. Nous sommes sur l’île de Wight. Je suis en train de faussement me bagarrer avec ma petite soeur Linda.”

« J’ai 13 ans. Je suis debout sur un tas de bois, en train de faussement me bagarrer avec ma petite soeur Linda, qu’on ne voit pas sur la photo mais qui est là. Juste en face de moi. Avec son bâton de guerrière. C’est mon frère Andrew qui est derrière l’appareil. Nous sommes sur l’île de Wight, dans notre cottage, notre maison de campagne, que nous adorions et où nous passions toutes nos vacances. Pour s’y rendre, il fallait prendre le train depuis Londres jusqu’à Southampto­n. Puis le ferry-boat qu’on ratait perpétuell­ement. Maman m’a dit plus tard que j’aimais beaucoup ça. Rater le ferry. Que je disais : “Ah, très bien : on va pouvoir vivre une aventure !” Sur l’île, il y avait une partie qui était très “poshy”, très chic. Avec son yacht- club, etc. Mais nous ne la fréquentio­ns pas du tout. Nous, nous étions du côté sauvage. Avec les corps de moutons “bloated” ( gonflés, ndlr) tombés des falaises.

Cette même année, je suis entrée à l’internat. Et, je ne sais pas pourquoi, j’avais imaginé que ça allait être formidable ! En fait, c’était comme tous les internats du monde : il y avait un règlement, des uniformes, la trouille d’être en retard et d’avoir de mauvaises notes, et les moqueries sur le physique. Non, moi ce que j’aimais par- dessus tout c’était d’être avec mon frère et ma soeur. Et nos parents, si réconforta­nts. Sur l’île de Wight, ils nous laissaient complèteme­nt libres de partir seuls sur nos vélos. On allait jusqu’à la plage de sable noir. On filmait des histoires inventées. Et c’est une époque, une insoucianc­e, qu’on ne retrouve jamais. Sauf, peut- être, quand on joue avec ses propres enfants et petits- enfants. Et que personne n’a peur. Ni d’être jugé, ni d’être ridicule. En tout cas, vous voyez, ce visage, là, sans maquillage, avec les cheveux coupés n’importe comment ? Eh bien, c’est tellement plus intéressan­t que tout ce que je vais fabriquer en [19] 68. C’est la vraie Jane ? Oui, c’est vraiment moi. »

 ??  ?? Jane Birkin en 1960, dans la maison de campagne familiale.
Jane Birkin en 1960, dans la maison de campagne familiale.

Newspapers in French

Newspapers from France