Dans une école de Provins, un uniforme obligatoire à 137 €
C’était un matin, j’étais assise à l’arrière d’un taxi, lorsque j’ai entendu à la radio parler de cette nouvelle polémique sur les uniformes scolaires. Résumons : une école élémentaire de Provins, une petite ville fortifiée non loin de Paris, a lancé une initiative encourageant ses élèves à porter un uniforme. Une première en métropole pour une école publique. Chaque élève a reçu son trousseau composé de dix éléments, façon Harry Potter : bermudas ( pour les garçons), pantalon et jupe ( pour les filles), pull, sweat-shirt, veste aviateur, gilet, quatre polos bleus brodés. A 137 €, prix subventionné pour ceux qui en ont besoin, cet uniforme est censé, selon le maire de Provins, apporter des valeurs républicaines d’ « une manière pragmatique, pratique, concrète, dans la vie quotidienne des écoliers ». Les parents, appelés à se prononcer sur cette mesure lors d’un vote en juin, l’ont approuvée à 64 %. Mais ses opposants, nom- breux, ont parlé de démagogie, d’une nostalgie réactionnaire. Selon Francette Popineau, du SNUipp, syndicat des instituteurs, l’uniforme « entretient le fantasme d’un âge d’or de l’école qui n’a jamais existé ». « Ai-je bien compris ? », me suis-je immédiatement demandé. Originaire des Etats-Unis, où 20 % des écoles publiques (il y a beaucoup plus d’écoles privées) vantent l’uniforme scolaire comme un pilier de l’ordre social, je me suis réjouie de la réaction de ces opposants, de cet esprit anti-autoritaire, cette défense retentissante de la liberté pour les plus petits. « Je le trouve beau et je me sens à l’aise dedans, même si j’aurais bien aimé un peu plus de rouge, a répondu Lorette, une élève interviewée par la radio. Ça fait un peu comme dans les films américains. » Mais justement… Qui souhaite vraiment imiter une école américaine aujourd’hui, où endosser un T-shirt Disney est souvent plus difficile que porter des armes ?