Comment féminiser la tech, ce secteur toujours trop masculin ?
Le 29 janvier dernier, le troisième Think Tank Marie Claire s’est interrogé sur les mesures à prendre pour inciter les femmes à travailler dans l’univers digital, lutter contre le sexisme dans les algorithmes, et lever autant de fonds que les hommes pour financer sa start-up.
C’est un paradoxe : alors que les femmes règnent sur les réseaux sociaux et compilent les applis dans leurs smartphones, très peu travaillent dans le digital. Et quand elles y sont, on les trouve surtout dans le marketing ou la communication. Un véritable gâchis. Alors que les filles représentent plus de 46 % des élèves de terminale S, et obtiennent en moyenne de meilleures mentions au bac S que les garçons, elles ne sont que 27 % dans les écoles d’ingénieurs. Conséquence, elles boudent un secteur qui embauche : en 2022, deux cent dix mille postes seront à pourvoir dans la tech 1). Comment fémi
( niser ce secteur ? C’était le thème du 3e Think Tank Agir pour l’égalité, le 29 janvier dernier, accueilli chez Salesforce, et organisé par Marie Claire et le Connecting Leaders Club. Cette initiative a pour vocation de réfléchir aux grands enjeux de l’égalité femmes-hommes. Dans la tech, il y a urgence car au- delà des belles opportunités de carrières ignorées, « il n’y a pas assez de femmes dans le digital pour empêcher que les algorithmes qui façonnent notre monde reproduisent les biais sexistes de notre société », a regretté Marianne Mairesse, directrice de la rédaction de Marie Claire. Un comble, « alors que le premier code informatique a été inventé par une femme, Ada Lovelace », a rappelé Delphine Remy-Boutang, cofondatrice de la Journée de la Femme Digitale.
« Montrer aux filles des “role models” »
Les raisons pour lesquelles les femmes sont minoritaires dans la tech sont multiples. Selon notre étude Harris Interactive/ Marie Claire 2), elles sont deux fois moins
( nombreuses que les hommes à avoir une bonne image du secteur. Un bon tiers avoue ne pas s’intéresser à l’actualité de la tech. « Il faut montrer aux filles des role models, des femmes qui ont réussi dans la tech, a insisté Frédérique Vidal, ministre
de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. A 15 ans, une fille ne connaît pas ces nouvelles filières. C’est pourquoi nous soutenons les initiatives de jeunes de ce secteur qui vont dans les collèges pour expliquer leur métier. » Et bonne nouvelle : il ne faut pas être bonne en maths pour réussir. Delphine Remy-Boutang en est l’illustration : « Avant de créer mon entreprise et de travailler chez IBM, j’avais eu 3 en maths et 18 en philo au bac. Les littéraires ont toute leur place dans ces nouveaux métiers. » De nombreuses propositions, qui figureront dans un livre blanc remis au gouvernement le 19 juin, ont jailli des ateliers : apprentissage du code à l’école, stages de 3e dans les start-up, outils antisexisme dans les algorithmes… Prochain rendez-vous le 27 mars, sur le thème de la santé des femmes (voir page précédente).