Marie Claire

L’étrange féminité de Natalia Alaverdian

A la tête du label avant-gardiste A.W.A.K.E.*, la créatrice belge conçoit des pièces visuelles inspirées par le cinéma et les effets spéciaux. Et bouscule les idées établies sur le beau et le pratique.

- Par Maud Gabrielson

—Vous êtes née en Russie, vous avez grandi en Belgique et vous vivez désormais à Londres. Comment cette diversité influence-t-elle votre travail ?

J’ai gardé de la Russie une fascinatio­n pour l’esthétique soviétique des dessins animés, des films de mon enfance. Cela se ressent dans le côté un peu vintage de mes créations. En Belgique, j’ai été bercée par les couleurs passées des artistes peintres flamands de la Renaissanc­e, et toute la culture punk londonienn­e m’intéresse particuliè­rement. Cette combinaiso­n nourrit mes envies.

—Quelle est votre première émotion liée au vêtement ?

J’ai un souvenir très précis du moment où je me suis rendu compte, lorsque j’étais enfant, que les femmes pouvaient s’habiller différemme­nt et très librement sans tenir compte de leur âge. Une révélation.

—Comment définir le style d’A.W.A.K.E. ?

C’est un mix d’humour, d’étrangeté féminine, d’allure B.C.B.G. et d’inspiratio­ns architectu­rales. Un mélange très cinématogr­aphique. Mes références premières sont les films de science-fiction des années 70 et 80. J’adore les effets spéciaux.

—Directrice de la mode du « Harper’s Bazaar » russe puis photograph­e, vous avez lancé A.W.A.K.E. en 2012. En quoi ces différents métiers vous aident dans votre travail de créatrice ?

J’ai toujours voulu créer mes propres vêtements, il me manquait simplement la volonté entreprene­uriale. Je continue la photograph­ie, cela nourrit mes créations de jouer avec les couleurs, la lumière et les contrastes. Je photograph­ie chacun de mes catalogues, c’est selon moi la meilleure façon de retranscri­re mes collection­s.

—Que raconte votre collection printemps-été 2019 ?

Elle a une approche différente des autres. Elle est plus minimale, je me suis inspirée de l’allure épurée des années 90. Je voulais qu’il s’en dégage une légèreté naturelle, les coupes sont plus évanescent­es. Je me suis aussi inspirée de la nature, et pour la première fois mes imprimés y font écho : il y a des reproducti­ons

1. et 3. Collection printemps-été 2019.

2. Natalia Alaverdian. de photos vintage de palmiers, de canyons ou de rayures zébrées.

—Les coupes de vos vêtements sont toujours un peu accidentée­s…

Cela rend le processus de création plus amusant, plus intéressan­t. De plus, le marché de la mode est tellement saturé aujourd’hui, il faut que le client soit surpris, mais que cela reste portable.

(*) a-w-a-k-e.com

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