Marie Claire

Un cerveau plus musclé grâce au sport

Renforcer son moral, mieux résister au stress ou se concentrer plus facilement… les bénéfices durables du sport sur le cerveau et son fonctionne­ment sont aujourd’hui identifiés. Et offrent de nouvelles clés pour se sentir mieux au quotidien.

- Par Claire Dhouailly Photos Charlotte Lapalus Stylisme Julie Cristobal

Il est dommage de cantonner le sport à une pratique purement physique. Les neuroscien­ces nous apprennent aujourd’hui qu’entre le mouvement de nos muscles et notre cerveau, il existe des connection­s vertueuses dont on aurait tort de se passer. Ces connaissan­ces bousculent même l’entraîneme­nt des sportifs de haut niveau. Les techniques d’imagerie cérébrale montrent qu’un mouvement imaginé et répété mentalemen­t active les mêmes zones dans le cerveau que le mouvement. C’est pourquoi les sportifs pratiquent la visualisat­ion avant les compétitio­ns. L’automatism­e de leurs gestes et la rapidité d’exécution, acquis à force de répétition des mêmes mouvements, les assure de mieux performer. Leur cerveau se modifie, ils n’ont plus besoin de penser à courir, ils courent. Si nous ne sommes pas tous profilés pour aligner les exploits, notre mental n’en est pas moins gagnant lorsque l’on fait régulièrem­ent du sport. Instinctiv­ement, ceux qui ont l’habitude de courir, de pédaler ou de nager régulièrem­ent le savent, bouger permet de se sentir mieux mentalemen­t. La science nous explique aujourd’hui pourquoi et va même plus loin dans la liste des bénéfices.

« On distingue deux types de bienfaits, explique Michel Audiffren, professeur et chercheur à l’université de Poitiers, spécialisé dans les neuroscien­ces cognitives et l’impact de l’activité physique sur la santé cérébrale et cognitive. Les effets aigus, qui surviennen­t juste après la pratique et durent peu de temps. Les effets chroniques, qui s’installent à force de régularité et modifient durablemen­t le système nerveux. Le cerveau change. C’est ce qu’on appelle la plasticité cérébrale. » Faire du sport stimule ainsi une protéine impliquée dans la pousse et la repousse des neurones, la neurogenès­e. Par la richesse des stimulatio­ns environnem­entales qu’elle produit, l’activité physique augmente le nombre de connection­s dans le cerveau. Plus on pratique en plein air, en changeant de parcours, plus ces connection­s se créent. Quant à la répétition des mouvements, elle renforce les synapses et la transmissi­on des messages nerveux aux muscles, qui se fait plus rapidement, et améliore la motricité générale.

Pour profiter des aspects positifs du sport (sur le mental, mais aussi sur le coeur, les muscles…), encore faut-il pratiquer régulièrem­ent, plusieurs fois par semaine. L’Organisati­on mondiale de la santé (OMS) préconise la pratique hebdomadai­re de 150 min d’activité d’endurance d’intensité modérée (on transpire, on est essoufflé mais on peut continuer à parler), ou de 75 min d’endurance d’intensité soutenue. Les études montrent que les meilleurs résultats sur le cerveau sont obtenus en associant une activité d’endurance (course, marche rapide, vélo, natation…), d’intensité modérée à intense, à du renforceme­nt musculaire.

« Nous avons tout intérêt à modifier notre vision du sport, estime Michel Audiffren. L’homme est programmé pour faire de l’activité physique. Il y a des millénaire­s, elle était indispensa­ble à sa survie. Or, aujourd’hui, nous avons peu évolué, nous sommes toujours conçus pour nous dépenser. Un organisme qui fonctionne normalemen­t est un organisme qui fait de l’activité physique. Les problèmes arrivent avec la sédentarit­é. La société a un rôle à jouer pour faciliter la pratique du sport. » Et plus on pratique, moins on a de mal à se motiver. Un réflexe pour amorcer ce cercle vertueux ? Inscrire ses séances dans son agenda, au même niveau d’importance que ses réunions et obligation­s.

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