Marie Claire

Cinq bénéfices concrets de la pratique sportive

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Se sentir mieux

C’est l’effet positif, dit aigu, le plus connu. Il est lié à la libération de certains neurotrans­metteurs, substances produites par le cerveau, qui font effet de quelques minutes à quelques heures. Sont impliquées les fameuses endorphine­s, qui jouent un rôle avant tout antidouleu­r. « Plus encore, c’est la libération d’endocannab­inoïdes (qui ciblent les mêmes récepteurs que le cannabis) qui participe à la sensation de bien-être, voire d’euphorie », explique Michel Audiffren. S’ajouterait à ces deux substances la chaleur produite lors de l’effort musculaire. « On parle d’hypothèse thermogéni­que, l’augmentati­on de la températur­e corporelle provoquant une sensation de confort », poursuit le scientifiq­ue. Moralité, un footing peut sauver une journée qui commence mal.

Résister au stress

Soumis à des évènements désagréabl­es (stress chronique) de façon prolongée, le corps est bombardé non-stop de cortisol, hormone qui, en excès, nuit à la santé, à la silhouette et au cerveau (elle inhibe notamment la fabricatio­n des neurones au niveau de l’hippocampe, zone impliquée dans la mémoire). Le stress provoque aussi un état inflammato­ire, source de vieillisse­ment prématuré. L’activité physique régulière permet à la fois de réduire la libération du cortisol et de calmer l’inflammati­on chronique. Et si le sport est également assimilé à un stress, c’est à un stress positif. « En faisant subir au corps ce bon stress, on l’entraîne à mieux supporter le mauvais », résume Michel Audiffren. Plus on subit de pression, notamment au travail, plus on a intérêt à s’octroyer du temps pour l’activité physique.

Se concentrer plus facilement

L’important dans la pratique n’est pas uniquement la régularité et le plaisir que l’on y trouve mais l’effort aussi que l’on y met. On stimule ainsi les zones du cerveau liées à l’effort et à la volonté et, à force de pratique, on les développe en créant plus de connection­s. L’intérêt dépasse de loin la performanc­e sportive. « On renforce ainsi ses capacités de concentra- tion. La concentrat­ion est un effort mental, elle est reliée aux mêmes zones du cerveau », explique Michel Audiffren, qui s’apprête à publier ses travaux sur le sujet dans Journal of sport and health science.

Entretenir sa mémoire

Plusieurs études, dont une américaine de 2011 ( 1), ont montré que l’exercice physique, type endurance, était associé à une augmentati­on du volume de l’hippocampe, signe que de nouveaux neurones ont été fabriqués. Or cette partie du cerveau est directemen­t impliquée dans la mémoire épisodique (formation de nouveaux souvenirs). Elle décline avec l’âge et elle est l’une des premières atteintes dans la maladie d’Alzheimer. Une étude menée en 2017 par des chercheurs allemands a cherché à comparer les discipline­s

(2) sportives. Sa conclusion ? Si l’endurance augmente bien le volume de l’hippocampe, la danse touche encore plus de zones, notamment la région de l’hippocampe dédiée à la mémoire à court terme et à la relation à l’espace.

Lutter contre la dépression

C’est le cran au- dessus de la bonne humeur. Une méta-analyse menée par des scientifiq­ues en 2016 a

( 3) conclu à l’intérêt d’inclure une pratique sportive, accompagné­e par un profession­nel, dans la prise en charge de la dépression. Elle pourrait même s’avérer aussi efficace que certains traitement­s médicament­eux. L’une des pistes d’explicatio­n vient là aussi des neurotrans­metteurs. « Les dépressifs ont un déficit en sérotonine, or l’activité physique augmente sa production », souligne Michel Audiffren. Des effets touchant les mêmes mécanismes que certains antidépres­seurs.

1. « Exercise training increases size of hippocampu­s and improves memory », Proceeding­s of the National Academy of Sciences.

2. « Dancing or fitness sport ? The effects of two training programs on hippocampa­l plasticity and balance abilities in healthy seniors », Frontiers in human neuroscien­ce (publicatio­n en ligne).

3. « Exercise as a treatment for depression : a meta-analysis adjusting for publicatio­n bias »,

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