Marie Claire

La photo d’enfance Valérie Bonneton

L’actrice Valérie Bonneton se souvient du Nord où elle est née, de son éducation stricte mais libre, et de René, son grand-père adoré, qui lui a donné la confiance nécessaire pour monter sur scène.

- Par Marina Rozenman

« J’ai 10 ans. C’est ma tante Monique qui m’a envoyé cette photo parce que j’ai très peu de photos de moi. Ça n’était pas dans la culture de mes parents. Je viens du Nord et dans le Nord, c’est assez rude… Là, si je ne me trompe pas, je suis dans notre cuisine. A Aniche. Et cette petite robe, je ne la portais pas pour une occasion spéciale, non. Franchemen­t, nous n’avions pas beaucoup d’argent, et ma mère ne m’achetait qu’une ou deux robes pour l’année, que je remettais l’été suivant, un peu plus courtes… Si j’allais les choisir avec elle ? Oh là là, non… J’ai eu une éducation stricte et, avec mon frère et ma soeur, nous n’avions pas le choix de grand- chose. Mais en même temps, nous avions beaucoup de liberté. Notre mère nous respectait et nous laissait vivre et “pousser” avec instinct, si je puis dire… Ce qui fait qu’à l’école j’étais moimême. Spontanée et sans filtre. Et ça m’est resté ! Maintenant, je peux vous parler de mon grand-père ? René, le papa de mon papa. Les mercredis après-midi, il m’emmenait faire un tour dans la campagne, à l’arrière de sa mobylette. Puis je passais des heures chez mes grands-parents à découper dans ses vieux T-shirts, pour inventer des vêtements ou des personnage­s. Je leur cousais des bouches, des yeux… Je leur faisais de

“Ma mère ne m’achetait qu’une ou deux robes pour l’année, que je remettais l’été suivant, un peu plus courtes…”

longues jambes. Ça a duré des années, j’adorais ça et mon grand-père m’encouragea­it, toujours… Même quand je préparais mes drôles de tartes aux fruits ! Avec d’un côté, les groseilles, de l’autre, les baies de cassis, de l’autre, les mûres… Ma grand-mère ne comprenait pas pourquoi je ne les mélangeais pas tous et lui – un homme juste et droit, plein d’humour, la gentilless­e incarnée – lui répondait : “Mais laisse-la faire, laisse-la faire…” Il m’a donné confiance en moi et de la confiance en soi il en fallait pour choisir une vie artistique dans une famille qui n’allait jamais ni au théâtre ni au cinéma. Je lui dois beaucoup. Je crois que c’est pour lui que je joue chaque fois. »

Au Théâtre Antoine, à Paris, dans Huit euros de l’heure, avec Dany Boon, jusqu’au 15 juin. Au cinéma, dans Nous finirons

ensemble de Guillaume Canet, sortie le 27 mars.

Valérie Bonneton soutient l’associatio­n Réseau Cocagne, qui favorise l’accès aux légumes frais et bios à des personnes aux ressources modestes. reseaucoca­gne.asso.fr

 ??  ?? Valérie Bonneton, sans doute dans la cuisine de la maison familiale, en 1980, à Aniche, dans le Nord.
Valérie Bonneton, sans doute dans la cuisine de la maison familiale, en 1980, à Aniche, dans le Nord.

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