Marie Claire

Dans le bureau d’Anne Jousse

Propriétai­re de sept hôtels de luxe en France, dont cinq à Paris, cette Nantaise nous raconte son quotidien de dirigeante, entre ténacité, importance du noyau familial, et souci du détail.

- Par Fabrice Gaignault — Photo Elise Toïdé

—Que faites-vous en arrivant dans votre bureau à Nantes ?

Je dis bonjour à ma précieuse assistance et j’ouvre mon ordinateur. Lorsque je suis en déplacemen­t, je réunis l’équipe de l’hôtel où je me trouve et leur dis tout ce qui ne va pas. Là, par exemple, il y a plein de petites choses qui m’ont sauté aux yeux en arrivant. Il va falloir y remédier ! (Elle rit.)

—Que faites-vous pour tenir le coup ?

Je dors bien la nuit. Je ne fais aucun excès. J’ai la chance d’avoir une bonne énergie. Je suis rarement fatiguée. Pas besoin de café pour tenir le coup.

—Aimez-vous le pouvoir ?

Le pouvoir en tant que tel, non. Je suis assez discrète. Mais si le pouvoir, c’est de pouvoir décider rapidement après avoir mûrement réfléchi, alors oui, je l’aime. —Qu’est ce qui vous fait peur dans votre travail ?

Rien. Je ne suis jamais inquiète. Parfois, bien sûr, j’ai des doutes lorsque des imprévus contrecarr­ent l’avancement de mes travaux ou la fréquentat­ion de mes établissem­ents. Mais la vie continue. Je ne suis pas d’une nature angoissée.

—En quoi pensez-vous être la plus douée et quelles sont vos faiblesses ?

Il faudrait demander à mes collaborat­eurs. Je suis très tenace, je ne lâche jamais rien, ce qui peut parfois être pénible pour mon entourage. Le côté négatif ? Je suis sans doute un peu trop directive, un peu trop autoritair­e.

—Qu’est-ce que vous ne supportez-vous pas que l’on dise de vous ?

Je n’en sais rien, pour la bonne raison que l’on ne m’a jamais rapporté des choses désagréabl­es sur moi. J’imagine que l’on doit me dire parfois trop dure.

—Possédez-vous un objet fétiche sur votre bureau ?

Non, la plupart du temps, mon bureau est improvisé dans l’un de mes établissem­ents avec mes collaborat­eurs présents. Et puis je ne suis absolument pas fétichiste.

—Votre tenue de combat profession­nelle ? Colorée, comme mes hôtels. Je n’aime pas cette mode déprimante du taupe, du gris ou du blanc. La couleur, c’est le dynamisme, la bonne humeur, la gaieté. Je suis quasiment tout le temps en hauts talons. Ce sont un peu mes chaussons.

—Avez-vous connu la misogynie au travail ? Non, j’ai débuté dans une société familiale où l’on respectait le statut de la femme. Mon père m’avait fait confiance et n’avait pas hésité à embaucher des femmes à des postes de responsabi­lité. Il n’était absolument pas misogyne.

—Quel est le meilleur conseil que l’on vous ait donné ?

Je le dois à mon père : « Quand tu sors un document, il doit se suffire à lui-même. » Etre synthétiqu­e, ne jamais délayer. Droit au but. Ça a toujours été mon mode de fonctionne­ment.

—Quelle est la place de votre vie privée ?

Je suis mariée et j’ai trois grands enfants qui sont partis de la maison. Mon mari a également une vie profession­nelle bien remplie. Ça fonctionne très bien comme ça.

—Pensez-vous, comme Sheryl Sandberg (numéro deux de Facebook), que pour faire carrière, il faut choisir le bon partenaire de vie ? Oui, je le pense. Avec quelqu’un qui vous met des bâtons dans les roues, vous ne pouvez pas progresser. Il faut vraiment quelqu’un qui comprenne vos motivation­s.

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Elle possède aujourd’hui cinq établissem­ents à Paris, un près de Nantes et un tout nouveau à Saint-Barthélemy.
Après une carrière dans le courtage en assurance, Anne Jousse s’est lancée dans le secteur très masculin de l’hôtellerie de luxe. Elle possède aujourd’hui cinq établissem­ents à Paris, un près de Nantes et un tout nouveau à Saint-Barthélemy.

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