L’irrésistible ascension de la cosmétique maison
Les kits de produits de beauté à faire soi-même connaissent un succès sans précédent, portés par le besoin d’adopter un mode de vie plus sain, et de devenir maîtresse de sa consommation.
Connaissez-vous Aroma-Zone ? Au départ simple fournisseur d’huiles essentielles, la marque décide, en 2004, de proposer les indispensables pour fabriquer ses cosmétiques à la maison. Résultat : une progression de 20 % par an depuis dix ans, trois boutiques et 1 million de clients en France pour le leader de la cosmétique à faire soi-même. Pourtant, quand la marque se lance sur ce créneau, seules quelques expertes sont intéressées. Depuis, le monde a changé. Cuisine, poterie, tricot, jardinage… les loisirs manuels ont de plus en plus d’adeptes. « Aujourd’hui, le consommateur ressent le besoin de modeler son quotidien : il ne veut plus seulement acheter, mais aussi participer, s’impliquer dans la création de son produit. De consommateur, il est devenu “consommacteur” et s’affirme même “consomleader” en s’engageant pour luimême et sa beauté », explique Ambre Venissac, chasseuse de tendances du bureau de style Carlin. « On ressent un besoin profond de se réapproprier son corps, sa beauté, d’être en phase avec ses besoins pour être maître des solutions qui y répondent », confirme AnneCécile Vausselin, cofondatrice et présidente d’Aroma-Zone. Cette tendance de fond est alimentée par les plus jeunes, avides de transparence et d’informations sur ce qu’ils consomment, et très attachés à l’avenir de la planète. « Les scandales alimentaires ont marqué les esprits. Aujourd’hui, la crainte s’étend au secteur cosmétique, notamment celle des allergènes et des perturbateurs endocriniens », insiste Ambre Venissac. La cosmétique maison permet de s’engager avec des produits 100 % naturels, bios, conservés dans des packagings réutilisables. Ils ne sont pourtant pas sans risques, certains pouvant être allergènes, surtout ceux aux huiles essentielles, ou irritants en cas de prolifération bactérienne. Mais si l’on se lance sérieusement dans cette voie, on fait aussi des économies : « Il y a un petit investissement de départ : balance, thermomètre, fouet… Ensuite, on peut fabriquer une crème qualitative pour 3 à 4 € », revendique Anne-Cécile Vausselin. Un faible coût pour avoir un soin fait rien que pour soi, avec les actifs adaptés à sa peau, mais aussi un parfum et une texture sur mesure. Dans cet esprit, le fait maison s’étend aux autres domaines de la beauté, comme le maquillage – By Terry qui permet ainsi de personnaliser et de fabriquer sa palette de fards – ou le parfum, avec de nombreux ateliers dédiés. « La quantité de propositions actuelles fait que le besoin n’existe plus, seul le désir compte. Alors, le plaisir du produit fait par soi, pour soi est un vrai luxe », conclut la fondatrice de By Terry, Terry de Gunzburg.