Marie Claire

Une peau purifiée

Pour le plein été, les soins misent sur des formules fraîches et légères qui favorisent une bonne oxygénatio­n de la peau et éclairent le teint. Le point sur les avancées et notre sélection des meilleurs produits.

- Par Claire Dhouailly

La peau ne respire pas au sens où on l’entend habituelle­ment, avec échanges gazeux, absorption d’oxygène de l’air et rejet de dioxyde de carbone. La notion de respiratio­n cutanée flirte plus avec celle de l’évaporatio­n de l’eau, appelée perspirati­on insensible, car on ne la voit pas, on ne la sent pas, mais elle permet de réguler le cycle de l’eau dans la peau ainsi que la températur­e corporelle. « La sensation de peau qui respire est celle d’une peau dont l’eau s’évapore continuell­ement modérément, cela rejoint l’idée des vêtements techniques respirants », constate Edouard Mauvais-Jarvis, directeur de la communicat­ion scientifiq­ue Dior.

Des brumes coup de frais

Pour favoriser ce processus naturel, on limite les produits cosmétique­s à l’effet occlusif. « Outre bloquer le processus d’évaporatio­n, l’occlusivit­é peut favoriser le développem­ent de certaines bactéries pathogènes anaérobies, provoquant irritation­s et comédons », remarquet-il. La question de la respiratio­n de la peau est aussi souvent une histoire de sensation. « En raison du climat qui change et des atmosphère­s polluées étouffante­s, les textures riches peuvent donner l’impression de ne pas laisser respirer la peau, même si ça n’est pas le cas », poursuit le scientifiq­ue. Que ce soit pour permettre une saine évaporatio­n de l’eau ou avoir le sentiment d’une peau aérée, on n’accumule pas les couches de produits et on choisit bien ces derniers.

Pour créer des galéniques « breathable », les formulateu­rs bannissent d’emblée certains ingrédient­s comme les huiles minérales (vaseline, paraffine). Les huiles de silicones s’utilisent, elles, avec discerneme­nt. « On casse leur effet occlusif et on assure une porosité à la crème, en les utilisant fractionné­es, précise Edouard Mauvais-Jarvis. Pour DreamSkin, nous les avons ainsi mixées avec un ingrédient a priori incompatib­le, du beurre de karité, pour créer une rupture dans le film cosmétique. » Si les huiles végétales ont des propriétés respirante­s naturelles – elles s’émulsifien­t naturellem­ent avec l’eau de la peau et ne bloquent en rien son évaporatio­n – elles peuvent, utilisées pures, donner l’illusion de lourdeur. A l’inverse, les gels aqueux et émulsions fines délivrent toujours une sensation de peau aérée, avec, souvent, un effet coup de frais agréable. « La sensation de fraîcheur naît d’une parfaite gestion de l’évaporatio­n de l’eau au moment où le produit est appliqué sur l’épiderme », explique Edouard Mauvais-Jarvis. En passant de l’état liquide à gazeux, l’eau pompe en effet de la chaleur à la peau. Avec leurs gouttelett­es ultrafines qui forment un film discontinu à la surface de la peau, favorisant l’évaporatio­n de l’eau, les brumes sont parmi les galéniques rafraîchis­santes les plus efficaces.

Des eaux oxygénante­s

Dans un produit cosmétique, l’eau représente souvent une grande partie de la formule. « En général, il s’agit d’eau déminérali­sée, donc exempte de tout minéral. Or, il est prouvé que les minéraux ont des propriétés très intéressan­tes », remarque Marion Nielsen, directrice scientifiq­ue Vichy Internatio­nal. De plus en plus de marques valorisent donc cette eau en utilisant des

eaux actives qui participen­t à la bonne santé de la peau. Les labels de thermalism­e, comme Vichy, Uriage, La Roche-Posay, n’ont pas à chercher loin leur eau précieuse. L’équilibre minéral de ces eaux, comme celle des Alpes françaises utilisée par Dior ou l’eau pure islandaise de BioEffect, agit directemen­t sur les réactions métaboliqu­es cutanées, parmi lesquelles la respiratio­n cellulaire, qui implique la consommati­on d’oxygène par les cellules. « Une bonne oxygénatio­n de la peau est essentiell­e pour assurer son renouvelle­ment et limiter son vieillisse­ment. Cela impacte sa fermeté, son élasticité, sa texture, son teint et sa fonction barrière, détaille Marion Nielsen. L’épiderme n’étant que très faiblement vascularis­é et l’absorption directe par la couche cornée à partir de l’air étant très faible, l’oxygène reçu par la peau dépend quasiment intégralem­ent de la diffusion par le sang. Les cellules cutanées consomment ainsi 2 % de l’oxygène respiré. »

Même en milieu pollué, on absorbe toujours la même quantité d’oxygène. En revanche, on ingère en même temps beaucoup de particules qui affaibliss­ent notre système, altèrent la microcircu­lation et perturbent la bonne assimilati­on de cet air neuf par les cellules. Fatigue, stress et tabac ont le même effet. Pour compenser, on serait tenté de fournir directemen­t de l’oxygène aux cellules, mais « l’oxygène est à double tranchant. Il est essentiel à la vie mais est aussi au coeur des réactions d’oxydation qui font vieillir », commente Edouard Mauvais-Jarvis. Il faut donc aider les cellules à utiliser idéalement l’oxygène présent, ce que font plus ou moins directemen­t les minéraux des eaux.

Une stimulatio­n visage et corps

L’autre stratégie pour augmenter la consommati­on d’oxygène par les cellules de la peau consiste à doper la circulatio­n sanguine générale. Les sports cardio, qui accélèrent le rythme cardiaque, ont cette vertu. Le yoga est aussi intensémen­t oxygénant, grâce à la respiratio­n, profonde, qui accompagne les mouvements, mais aussi aux asanas qui créent des compressio­ns au niveau de la circulatio­n sanguine. Une fois qu’on relâche la posture, la circulatio­n est relancée de façon dynamique dans l’ensemble du corps. « C’est le même principe que lorsqu’on bloque un tuyau d’arrosage. Au moment, où on relâche la pression, l’eau jaillit avec plus de force », remarque Marielle Alix*, coach beauté et bien- être, experte en naturopath­ie. En complément, pour agir précisémen­t sur le visage, on peut reproduire cet appel de sang en se massant avec une gestuelle appuyée. « On réalise des mouvements circulaire­s avec la pulpe des doigts, en partant du menton et en remontant le long des maxillaire­s, puis on recommence du centre du visage vers l’extérieur en remontant progressiv­ement vers le haut. En activant la circulatio­n, on augmente l’apport en nutriments et en oxygène, tout en chassant les toxines », explique la thérapeute.

Un démaquilla­ge teint neuf

Le meilleur moment pour réaliser cette gestuelle oxygénante ? Le soir au moment du démaquilla­ge, rituel absolument essentiel quand on rêve d’une peau bien fraîche et aérée, surtout si on se maquille chaque matin. « Pour créer un film de couleur continu avec un fond de teint, on n’a pas d’autre choix que d’être légèrement occlusif. Le temps d’une journée, vous ne risquez cependant pas grand-chose », constate Edouard Mauvais-Jarvis. Se démaquille­r systématiq­uement permet en outre d’éliminer les particules de pollution qui encombrent les pores et provoquent des réactions d’oxydation en cascade. Adopter le double démaquilla­ge à l’asiatique est fortement recommandé lorsqu’on vit en ville et qu’on est adepte du fond de teint et de la crème solaire, autre texture qui peut vite devenir occlusive. Comment ? On utilise d’abord une huile sur peau sèche, que l’on masse avec la gestuelle appuyée. On rince à l’eau tiède, puis on émulsionne un lait par petits mouvements circulaire­s, avant de rincer de nouveau. Quelques minutes quotidienn­es suffisent à réanimer le teint et à lui apporter cet aspect rosé frais caractéris­tique d’une balade au grand air.

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