Vite et bien
East Village blues de Chantal Thomas
Chantal Thomas est multiple et unique.
On lui doit Les adieux à la reine, adapté au cinéma par Benoît Jacquot, L’échange
des princesses et Souvenirs de la marée basse, beau livre consacré à sa mère et à leur prédilection commune pour la natation. Cette fois, elle plonge dans le grand bain de l’East Village des années 70, avec sa bohème créative et défoncée, où elle vécut une parenthèse inoubliable. En arpentant aujourd’hui ce quartier rendu méconnaissable par la spéculation immobilière, l’écrivaine ressuscite, maison après maison, rue après rue, page après page, cette époque où Warhol, les Beats, le Velvet de la poésie et du rêve sur la mégalopole du veau d’or. Une époque où, confesse-t-elle, « au sortir d’une fête, ivres et brisés, et bizarrement lucides, nous découvrons (la vie) avec le lever du soleil (…) et soudain, hors raison, elle nous fait éclater en sanglots ». Nous aussi, parfois. F.G. Ed. du Seuil.
Bleuets de Maggie Nelson
La poétesse, essayiste et critique d’art Maggie Nelson nous avait donné Une partie
rouge, où il était question d’une énigme criminelle peinte au sang. Voici Bleuets, son meilleur livre. Un bijou où la palette des bleus habille des textes brefs et puissants. Maggie Nelson est tombée amoureuse de l’absolu bleu et de toutes ses déclinaisons, esthétiques, philosophiques par Dieu que l’absolu du ciel et de la terre porte en lui « une sorte de buisson ardent », de « code secret » renfermant les clés de l’univers. « La terre est bleue
comme une orange », écrivait Eluard. Maggie Nelson approuve, dans les moindres nuances. F.G. Traduit de l’anglais (USA) par Céline Leroy, Ed. du Sous-Sol.