Marie Claire

Aurélie Dupont

Aurélie Dupont, directrice de la danse à l’Opéra national de Paris*, se souvient de ces dix-huit mois passés en famille aux Etats-Unis, le pays où les jeunes acteurs de la comédie musicale “Annie” ont déclenché sa vocation.

- Par Marina Rozenman

« J’ai 7 ans et demi. Je suis au milieu, la deuxième. Et c’est vraiment les Dalton, avec mes frangines que j’adore : Marie-Charlotte, ma grande soeur, à gauche, et Benjamine, à droite. Notre mère avait cette fâcheuse habitude de nous habiller tout le temps pareil, ce qui nous agaçait au plus haut point ! Mais là, pour le coup, avec mes baskets Adidas – j’adorais leur bout en veau retourné –, et notre pull “paysagé”, je trouve notre look assez actuel, finalement. Enfin, disons que nous sommes trois clowns, trop contentes parce que nous venons d’être parachutée­s, du jour au lendemain, à Bethesda, aux Etats-Unis. Bethesda, ça s’écrit B- e-t-h- e-s- d-a (elle épelle conscienci­eusement le nom, ndlr). C’est un petit patelin, à côté de Washington DC. Notre père – qui prend cette photo – est dans la recherche médicale et doit y suivre un stage de perfection­nement dans sa spécialité, les maladies infectieus­es et tropicales. Stage de six mois, qui sera renouvelé un an. Et donc, je m’en souviens très bien, nous louons une maison comme ça (elle joint ses mains pour créer un angle perpendicu­laire, ndlr), à l’intersecti­on de deux rues, avec petit perron, et jardin à l’arrière. Et comme, pour nos parents, il est “hors de question” que nous allions à l’école française (“Vous êtes là pour vous intégrer, nous disent-ils. Pour parler la langue.”), nous voilà, un matin, sur le chemin de l’école américaine, avec nos petites lunch boxes. Ecole où l’on nous apprendra aussi bien à avoir la tchatche qu’à chanter. Et je dirais que c’est l’addition de cette éducation plus le fait d’avoir vu, à la même époque, les mômes géniaux de la comédie musicale Annie (elle claque des doigts, comme si elle suivait un rythme imaginaire, ndlr) plus les heures passées au piano chez des copains de mes parents, à Dallas, qui ont fait qu’une enfant comme moi – très introverti­e et, à cet âge-là, qui ne dansait pas du tout – a pu être plus que séduite par la voie artistique. Tout ce que je vais faire par la suite découle de cette période. »

“J’ai 7 ans et demi. Je suis au milieu, avec mes frangines que j’adore. Notre mère avait cette fâcheuse habitude de nous habiller tout le temps pareil.”

 ??  ?? (*) L’établissem­ent fête cette année ses 350 ans. Retrouvez la programmat­ion d’Aurélie Dupont sur operadepar­is.fr Aurélie Dupont, sur le chemin de l’école avec ses soeurs Marie-Charlotte (à g.) et Benjamine
(à d.), en 1980, à Bethesda, dans le Maryland, aux Etats-Unis.
(*) L’établissem­ent fête cette année ses 350 ans. Retrouvez la programmat­ion d’Aurélie Dupont sur operadepar­is.fr Aurélie Dupont, sur le chemin de l’école avec ses soeurs Marie-Charlotte (à g.) et Benjamine (à d.), en 1980, à Bethesda, dans le Maryland, aux Etats-Unis.

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