Marie Claire

Le questionna­ire Isabelle Autissier

La grande navigatric­e, qui vient de publier un nouveau roman où flotte le souvenir d’une mère arrachée à son fils*, aime fouler pieds nus l’herbe de son jardin au petit matin.

- Par Fabrice Gaignault

—Aimez-vous votre visage ?

Oui, parce que j’y retrouve le visage de mes parents et de mes quatre soeurs.

—Etes-vous fille ou femme ?

Femme. On m’a traitée de garçon manqué en sous-entendant que la voile serait un sport de mecs, mais la question de ma féminité ne m’a jamais effleurée.

—Dormez-vous la nuit ?

Comme un loir. Depuis quelques années, je me réveille vers 3 heures du matin. Je me rendors en écoutant la radio.

—Votre mère était-elle dominante ou soumise ?

Soumise, elle était d’une époque où c’était le lot de la plupart des femmes. Elle a arrêté de travailler pour élever ses filles.

—Combien de drogues vous faut-il pour vivre ?

Des vraies ? Zéro. Ou alors le bateau. La voile est la seule chose non négociable.

—Le plus beau regard que l’on ait posé sur vous ?

Un photograph­e m’avait dit : « Quand je te photograph­ie, pense à l’homme que tu aimes ! » Cela avait fait surgir une émotion.

—Citez trois amants rêvés au cours de votre vie ?

Nelson Mandela, Simone Veil et le navigateur Jérôme Poncet, mais c’est de la pure admiration.

—Votre plus grand plaisir simple ?

Fouler pieds nus l’herbe de mon jardin au réveil et en toute saison.

—Votre dernière recherche Google ?

Le rapport de l’Ipbes, l’assemblée scientifiq­ue mondiale sur la biodiversi­té qui s’est tenue récemment à Paris.

—Le meilleur conseil que l’on vous ait donné ?

Le pire n’est pas toujours sûr. C’était un dicton de famille.

—La dernière chose que vous avez bue et mangée ?

Une orange, un café et des céréales.

—Le goût dont vous avez honte ?

Je suis fan du Seigneur des anneaux que j’ai relu plusieurs fois. Il faut avouer que c’est un peu ringard.

—Etes-vous violente ?

Non, la violence me décontenan­ce. En revanche, je peux être cinglante.

—Que ne supportez-vous pas que l’on dise de vous ?

Pas grand-chose. Ah si ! Que je ne m’intéresse pas aux autres. Je crois au contraire être très à l’écoute.

—Pouvez-vous sortir dans la rue sans maquillage ?

Tout le temps, puisque je ne me maquille jamais. (Elle rit.)

—Aimez-vous votre prénom ?

Oui, c’est un prénom agréable à prononcer même s’il est daté.

—Fuir, s’adapter ou combattre ?

S’adapter. C’est ce que la mer nous enseigne.

—La première fois où vous vous êtes sentie libre ?

Vers 12-13 ans, lorsque j’ai eu le droit de barrer seule le petit dériveur familial à Lancieux.

—La place du sexe dans votre vie ?

Assez faible. J’ai connu de belles relations amoureuses, mais en ce moment c’est calme.

—Pouvez-vous prendre une photo de vous ?

—Si vous étiez une fée et que vous pouviez offrir trois dons à un enfant, lesquels seraient-ils ?

Le sens des autres, le goût de l’émerveille­ment, la lucidité quant à la chance de vivre dans un pays en paix.

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