Marie Claire

Emmanuelle Devos

L’actrice se souvient de la maison de campagne de ses grandspare­nts, de la vie en plein air avec ses copines du village, et des lettres “trop mignonnes” qu’elle écrivait à sa soeur Valentine.

- Par Marina Rozenman

« J’ai 7 ou 8 ans. On est Parisiens – toute la famille habitait la même rue dans le 7e arrondisse­ment – mais mes grands-parents paternels avaient acheté une maison de week- end. Pas très, très loin. À Chartèves, dans l’Aisne, près de Château-Thierry. J’y passais beaucoup de temps. Et avec mes copines du village – Virginie et Sylvie –, on dépensait une énergie incroyable à monter et à descendre “la côte”, qui était mon lieu de prédilecti­on. C’est là que mon père a pris cette photo. J’étais un peu navrée de ne pas vous en avoir trouvé une avec ma soeur, Valentine. Mais les diapos étaient très abîmées. À Chartèves, donc, il y avait à la fois mes copines et une vie solitaire, sur les bords de Marne. Et je pouvais à la fois jouer chez des gens qui n’avaient pas l’eau courante, ou dix-huit enfants ou je ne sais combien… et en même temps, aller dans le château d’à- côté. Je trouve ce brassage social – auquel j’ai eu droit, aussi, à Paris – ultra-important. Et je ne sais pas s’il existe encore, aujourd’hui. Ah oui, et puis il y avait les “dames” ! Les amies de ma grand-mère. Qui s’allongeaie­nt dans le jardin sur des chaises en paille ou tricotaien­t. J’aimais bien les écouter. Et mon grand-père… Georges. Georges Devos. Le silence de la mer, il ne disait pas un mot. Ce n’était pas Jean Moulin mais, blessé pendant la guerre de 14, on raconte qu’en 39-45 il cachait des documents dans sa jambe de bois. À sa mort, on a trouvé soixante- cinq mille médailles ! Et Valentine ? Elle passait ses vacances dans le Loiret, chez nos grands-parents maternels. C’est rare de séparer des soeurs ? Oui, mais je ne vais pas enjoliver, on se disputait vachement. Enfin, comme des soeurs. Du coup, c’est pas mal parce qu’on s’écrivait et maintenant, j’ai des lettres. Trop mignonnes. “J’ai été à la fête, mamie m’a donné tant, j’ai fait du manège.” Ça ne me dérange pas du tout de parler d’elle, non. Au contraire. Ça la rend vivante (Valentine a été emportée par un cancer en 1995, ndlr). »

(*) Bientôt à l’affiche de Les Parfums de Grégory Magne, avec Grégory Montel, sortie le 25 mars.

“J’ai 7 ou 8 ans. (…) Avec mes copines de Chartèves – Virginie et Sylvie –, on dépensait une énergie incroyable à monter et descendre ‘la côte’. C’est là que mon père a pris cette photo.”

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Emmanuelle Devos,au tout début des années 70, dans l’Aisne, chez ses grands-parents paternels.

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