Or et argent, l’union consacrée
L’étiquette a longtemps interdit de les réunir. Les deux métaux précieux jouent aujourd’hui de leurs contrastes sur des créations joaillières exaltant leur plasticité.
Longtemps considéré comme une faute de goût, le mélange du doré et de l’argenté est aujourd’hui préconisé. Oubliés, le duel d’ego et l’idée selon laquelle le second dévaloriserait le premier. À l’heure de la mixité, la joaillerie multiplie les alliances et enjoint créateurs et joailliers à marier ces deux tonalités sur un seul et même bijou. Dès 1924, Louis Cartier brise les règles en créant sa bien nommée bague Trinity qui, en plus d’additionner or jaune et or blanc, y adjoint le rose en trois anneaux entrelacés. Fondée par un adepte de l’hybridation, Maison Margiela a fait de la fusion de ces deux couleurs contrastantes l’un de ses codes. Bicolores, gourmette ou chevalière apparaissent ainsi scindées en deux parts égales. Comme sur la bague Turtle de Charlotte Chesnais, adepte de l’association du vermeil et de l’argent. Parfois, le rapport de force s’inverse, l’un des métaux prenant le dessus comme sur le pendentif Clip Makers de Tiffany & Co., dominé par l’argent. Chez Marc Deloche, cette fusion entre le chaud et le froid, l’opulent et le silencieux donne naissance à l’accouplement de deux bagues Stone – l’une en argent, l’autre en vermeil – dont les formes généreuses et organiques évoquent un matériau resté liquide. Chez Boucheron enfin, au sein de la collection Quatre qui superpose les motifs, les deux s’accolent et dialoguent sur des créoles combinant or jaune à motif gros-grain et or blanc pavé de diamants pour jouer avec les textures.