L’explosion du make-up exubérant
Aplats de matières et de couleurs, perles de visage, serre-têtes massifs : les codes du maquillage trouvent de nouveaux équilibres dans une forme d’outrance libératoire de plus en plus populaire. Décryptage.
L’univers ultra-codifié du make-up est-il en train de changer de paradigme ? C’est ce que les tendances repérées sur les derniers défilés suggèrent. Aux traditionnels liners et bouches rouges, les créateurs semblaient dernièrement préférer les paillettes multicolores, voire fluo, ou les effets de matières. Du maquillage qui se voit. Beaucoup. Même approche capillaire où les petites têtes plaquées, en vogue depuis une décennie, cèdent le passage à des accessoires démesurés en tissu, fleurs, plumes et strass. « À force de regarder des images sur Instagram ou Pinterest, notre oeil a développé une tolérance plus accrue aux textures, couleurs et matières. Le curseur du “too much” s’est déplacé », constate la make-up artist Carole Colombani, habituée des coulisses de la mode.
« Les femmes se réapproprient leur corps »
Oser un accessoire puissant ou un fard vibrant est plus facile que de céder à une tendance vestimentaire : il suffit d’être soi-même, sans silhouette ou pouvoir d’achat particuliers. « Sur les défilés, l’accessoire maquillage ou cheveu finalise la tenue, comme un accent, mais dans la vie, cela peut être l’inverse : cette touche finale permet de réinventer des tenues basiques, comme un maxi serre-tête vient twister une petite robe noire ou un beau chouchou chahute un look jean-baskets », s’enthousiasme Damien Boissinot, coiffeur-ambassadeur Furterer. Sans surprise, à mesure que la parole des femmes se libère, les allures s’affirment : « Peu à peu, les femmes se réapproprient leur corps, ont envie d’affirmer leur personnalité, de sortir des cases préétablies », assure Carole Colombani. Même écho chez Damien Boissinot : « La notion de ridicule n’existe plus. Les serre-têtes ne sont pas réservés aux jupes plissées, les chouchous aux adolescentes et les paillettes aux femmes-enfants. Avec ces propositions, on rêve que les femmes s’affirment sans se sentir déguisées. » Inspirants, ces nouveaux looks percutants sont d’ailleurs moins radicaux que leur exubérance le suggère. « Les lignes sont douces, les effets de matières sont dégradés, l’harmonie règne », rassure Carole Colombani. L’audace bienveillante : un concept très 2020.