Camille Thomas
Musicienne prodige, première femme violoncelliste signée par le prestigieux label Deutsche Grammophon, elle dévoile pour nous les temps forts de sa partition intime, entre volonté d’acier et robe John Galliano.
Playmobil
Née en 1988 de parents belges, Camille passe son enfance à Paris où elle se glisse régulièrement sous le piano familial pour jouer avec ses Playmobil. « À 4 ans, ma mère me faisait écouter des disques de musique classique pour que je choisisse un instrument. » Émue par les Suites de Bach, elle opte pour le violoncelle et prend des cours particuliers. « À cet âgelà, plus de 10 min, c’est compliqué ! », prévient le professeur. Les séances dureront 60 min.
Romain Gary
Adolescente, elle joue du violoncelle en se racontant des histoires : « Je pouvais imaginer un personnage poursuivi par un loup dans la forêt. Je me retrouvais dans ma bulle et ça faisait passer le trac des concours. » En grandissant, elle puise dans ses lectures pour trouver l’émotion d’un morceau : « J’associais par exemple la Sonate de Franck à La promesse de l’aube de Romain Gary. »
Dos nu
En 2015, le ténor Rolando Villazón l’invite dans son émission Les stars de demain. Elle porte une robe John Galliano, vert foncé et dos nu. « C’est toujours délicat de trouver une tenue car je dois placer mes jambes de part et d’autre du violoncelle et bouger mes bras librement… » Après l’émission, la prestigieuse maison de disques Deutsche Grammophon, qui n’a pas produit de violoncelliste depuis quarante ans – et jamais une femme – lui fait signer un contrat.
Vignoble
En 2017, Bernard Magrez, propriétaire de vignobles, décide de lui prêter un violoncelle d’exception : elle trouve un
Ferdinando Gagliano de 1788 à l’atelier Cels, à Montparnasse. Son mécène commande au pianiste et compositeur turc Fazil Say un concerto pour violoncelle – Never give up –, d’après sa devise : ne jamais renoncer. « Cette formule représente la vraie force d’un artiste. »
Responsabilité
Depuis quelques mois, la Nippon foundation de Tokyo lui a prêté le Stradivarius Feuermann de 1730, d’une valeur inestimable et joué par Auguste Franchomme, à qui Frédéric Chopin dédia sa sonate pour violoncelle et piano. « Quelques règles sont à respecter : pas de bijoux, pas de poudre, pas de paillettes, pas de parfum. C’est une responsabilité énorme : je me balade avec un pan d’histoire ! »
Kalachnikov
Dans Voice of hope, son nouvel album, la pièce principale Never give up a été écrite au lendemain des attentats du Bataclan : « Ce concerto invite à toujours croire en l’homme, l’espoir et la beauté. Lors du deuxième mouvement, les percussions font résonner les tirs de kalachnikov et le violoncelle fait entendre les pleurs de la foule. »
Défavorisé
Camille aime partager sa musique avec les enfants : « En 2017, je suis allée jouer à Guadalajara, au Mexique, avec les enfants d’un quartier défavorisé dont s’occupe l’association Crescendo con la musica. Un choc : je me suis vraiment rendu compte du pouvoir éducatif de la musique. » Cette année, l’Unicef est partenaire de Voice of hope.
(*) Voice of hope (Deutsche Grammophon), sortie le 20 mars, disponible en précommande dès le 14 février.