Marie Claire

Où sont les dirigeante­s ?

- Corine Goldberger, cheffe de rubrique société

Au moment où nous bouclions ce spécial 8 mars sur la mixité des états-majors des grandes entreprise­s, nous apprenions que la première et seule femme dirigeant un groupe du CAC 40, Isabelle Kocher, était débarquée de son poste de directrice générale d’Engie. Chiara Corazza, qui dirige le Women’s forum, nous disait alors son indignatio­n : la directrice d’Engie n’aurait pas été traitée de la même façon si elle avait été un homme. Elle n’est pas la seule à le penser.

Avant son éviction, Isabelle Kocher avait accepté d’être interviewé­e dans ce numéro aux côtés de six autres grandes dirigeante­s.

Des femmes qui racontent leur parcours, les obstacles franchis, cette solitude ressentie. Plus de femmes au sommet des entreprise­s, qui n’en comptent que 18 %, ce sont autant de modèles nécessaire­s et indispensa­bles. Notamment pour les petites filles. Un monde économique dirigé uniquement par des hommes serait une catastroph­e : celle d’un monde toujours pensé par les hommes et pour les hommes. Des états-majors féminisés, ce sont aussi des entreprise­s qui prennent mieux en compte leurs collaborat­eurs, qui jonglent entre travail et vie de famille. Et quand leur direction ne se résume pas à un club masculin, ce sont des entreprise­s qui comprennen­t mieux leurs clients, leurs usagers, dans toute leur diversité. Ce sont des regards plus variés sur les grands enjeux : l’écologie, la santé, l’éducation.

Ce sont des entreprise­s plus performant­es. « Si Lehman Brothers s’était appelé Lehman Sisters, la situation des banques en 2008 aurait été bien différente », avait dit Christine Lagarde, alors encore directrice du FMI. En décembre dernier, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire et la secrétaire d’État Marlène Schiappa ont annoncé un projet de loi sur l’égalité entre les femmes et les hommes dans la sphère économique. L’une des propositio­ns phares : des quotas obligatoir­es de femmes dans les Codir et les Comex, les comités de direction des grandes entreprise­s. Sur le modèle de ceux de la loi Copé-Zimmermann pour les conseils d’administra­tion. Les débats à l’Assemblée nationale seront acharnés. La féminisati­on imposée ne plaît pas forcément à tout le monde sur les hautes cimes économique­s.

 ??  ?? 9 novembre 2018 : François de Rugy (au premier plan), alors ministre de la Transition écologique, et Isabelle Kocher, à l’époque directrice générale d’Engie, inaugurent une unité de méthanisat­ion, à Escrennes.
9 novembre 2018 : François de Rugy (au premier plan), alors ministre de la Transition écologique, et Isabelle Kocher, à l’époque directrice générale d’Engie, inaugurent une unité de méthanisat­ion, à Escrennes.

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