Marie Claire

Julie Walbaum,

directrice générale de Maisons du Monde

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Des quotas de femmes obligatoir­es à la direction ?

Nous y sommes déjà. Avant mon arrivée, il y avait 30 % de femmes au Comex. Depuis, on a les 50 %.

Deux tiers de nos huit mille collaborat­eurs sont des femmes. Nos équipes créatives et nos équipes produits ont toujours été très féminines. Mais notre directeur de style est un homme. C’est important d’avoir un avis masculin.

La solitude de la dirigeante ?

Je me retrouve souvent dans un milieu très masculin : investisse­urs, actionnair­es. Récemment à l’OCDE, nous étions deux femmes contre quatre hommes sur une table ronde pour parler finance responsabl­e.

Un souvenir marquant de sexisme ?

Rien de frappant. Je crois que c’est parce que je n’’ai jamais imaginé valoir moins qu’un homme. Être une femme à la tête d’une entreprise cotée et qui ne vient pas du « retail » – le commerce de détail – mais du digital, pourrait pousser certains à s’interroger sur ma légitimité. Mais quand je parle avec des investisse­urs, je n’ai pas l’impression d’être jugée différemme­nt d’un homme.

L’égalité salariale et profession­nelle ?

Je suis fière que nous ayons 75 % de directrice­s de magasin sur l’ensemble du groupe, internatio­nal compris, soit 377 magasins. Et femme ou homme, tout le monde suit le parcours de carrière avec les mêmes grilles de salaires. Un conseil ?

C’est assez féminin de ne pas mettre ses réussites en avant, tout en espérant que quelqu’un va les reconnaîtr­e. Il faut au contraire demander du feedback à son manager : « J’aimerais bien rentrer au Comex. Où sont mes forces selon toi ? Et où devrais-je m’améliorer ? » Ce n’est pas une faveur que l’on demande. C’est le rôle du manager de vous aider à monter. Quand elles ne savent pas quelque chose, les femmes le disent, contrairem­ent à beaucoup d’hommes. Et cela peut être perçu comme un signe de faiblesse, une fragilité. Quand je me suis présentée en candidatur­e interne au poste de directeur général, j’ai expliqué avec aplomb qu’il y a des choses que certes, je ne connais pas. Mais que je suis bien entourée de gens qui savent, et que je vais apprendre vite. Enfin, je n’ai jamais imaginé qu’il fallait sacrifier sa vie familiale et passer tout son temps au bureau pour réussir. Mon mari, banquier d’affaires, travaille beaucoup, mais les soirs où je ne suis pas là, c’est lui qui s’occupe du dîner et du coucher des enfants. C’est bien accepté dans son entreprise. Et ça, c’est fondamenta­l.

“Je suis fière que nous ayons 75 % de directrice­s de magasins sur l’ensemble du groupe, internatio­nal compris.”

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