Marie Claire

Proenza Schouler, par qui la sandale s’avive

- Par Louise des Ligneris

Lazaro Hernandez et Jack McCollough, créateurs des collection­s de la marque américaine, propulsent la célèbre sandale de Birkenstoc­k, icône de leur enfance bohème, dans l’univers du luxe urbain. Ils nous racontent le voyage créatif intime effectué pour cette collaborat­ion.

Depuis plus de quinze ans, vous formez le duo Proenza Schouler. Et pour concevoir chacune de vos collection­s, vous passez dix jours dans votre ferme des Berkshires. Quel est votre lien avec ce lieu ? Lazaro Hernandez et Jack McCollough : C’est comme un processus de ressourcem­ent créatif et physique. Nous vivons à New York, une ville intense, alors lorsque nous allons dans notre ferme du Massachuse­tts, nous avons tout l’espace pour décompress­er. La bâtisse date de 1792. Nous l’avons désossée afin de valoriser la nature environnan­te. Nous travaillon­s dans une grange, environ douze heures par jour à faire des croquis. Après quelques jours, le processus créatif prend le dessus.

Vous venez de créer une collection capsule avec Birkenstoc­k. Avez-vous une histoire particuliè­re avec cette marque ? L.H. : J’ai grandi à Miami et, enfant, je passais beaucoup de temps sur les plages ou les bateaux. Mes amis et moi portions tous des Birkenstoc­k. À l’époque, ces chaussures évoquaient une nostalgie de la contre- culture. Je me souviens même les avoir portées lors de mon premier jour à l’université. Lorsque j’ai ensuite déménagé à New York, j’ai pris mes Birkenstoc­k avec moi et j’ai toujours cette paire dans mon placard. C’est l’un des rares objets de d’avant l’époque Proenza Schouler que je possède encore.

J.M. : Pour ma part, j’ai grandi à Tokyo, puis j’ai déménagé dans le New Jersey. Dans les années 90, j’étais un enfant indépendan­t, donc j’ai quitté ma maison très jeune pour parcourir le pays avec les Grateful Dead ( groupe de rock culte, ndlr). En tournée, les Birkenstoc­k étaient l’uniforme de facto. Elles étaient le symbole d’une époque révolue que les jeunes essayaient de revivre. J’ai ensuite déménagé à San Francisco puis étudié dans une école d’art du Massachuse­tts, avant de poursuivre à l’école Parsons, à New York. Les Birkenstoc­k m’ont accompagné durant ces années, elles sont encore aujourd’hui un accessoire essentiel de ma vie.

Votre univers est futuriste, urbain, celui de Birkenstoc­k rétro-artisanal. Comment avez-vous équilibré ces deux mondes ? L.H. et J.M. : Nous voulions conserver l’essence d’une chaussure Birkenstoc­k en y injectant une note urbaine. La plupart du temps, les Birkenstoc­k se portent à la plage, à la campagne. Nous avons donc voulu créer une paire luxueuse, pensée pour la ville. Comme nous aimons beaucoup les baskets old school à bandes Velcro, nous trouvions intéressan­t d’en utiliser à la place des boucles. Étonnammen­t, cette idée n’avait jamais encore été explorée. Nous avons aussi recouvert la semelle de liège avec du cuir. L’ensemble est comme une matière ininterrom­pue. Au cours de presque 250 ans d’existence, Birkenstoc­k a produit et expériment­é une quantité époustoufl­ante de modèles. C’était tentant de se calquer sur leur histoire, mais nous avons choisi d’innover.

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1. Lazaro Hernandez et Jack McCollough. 2. La campagne de publicité de la capsule Proenza Schouler x Birkenstoc­k signée Juergen Teller. 3. Deux modèles de la capsule. 3
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