Marie Claire

L’imposante présence d’Helena Zengel

Prodigieus­e de sauvagerie et de douleur enfantine dans le filmphénom­ène “Benni”*, la comédienne allemande nous confie, sous l’oeil de sa mère et d’une peluche rose, s’être beaucoup amusée.

- Par Emily Barnett

En quelques semaines, Benni a tourné au phénomène en Allemagne avec cinq cent mille spectateur­s en salles et un Ours d’argent à Berlin. Un succès énorme reposant sur les frêles épaules de sa jeune héroïne, une fillette de 10 ans à l’allure d’ange. Sauf que Benni est en réalité un volcan, une tornade. Une gamine déchaînée comme on en croise rarement au cinéma. Son histoire est celle d’une enfant au comporteme­nt violent, trimballée de foyers d’accueil en services sociaux. « Ses bêtises et ses cris sont là pour attirer l’attention, commente son interprète, la jeune Helena Zengel, avec un petit sourire mutin via son écran d’ordinateur, à Berlin. Benni souffre d’un manque d’amour, elle a le sentiment d’être rejetée ». Helena a 11 ans, « presque 12 », martèle-t- elle dans un anglais parfait. Sa mère n’est pas très loin dans la même pièce pour l’aider à traduire certains mots, veillant, on le devine, sur la carrière débutante de sa fille. « Je parle tous les jours avec ma mère de mes rôles. Elle m’aide à me poser les bonnes questions, est-ce que je peux vraiment faire ça, on cherche des options. »

Avec des parents artistes (mère chanteuse, père guitariste), Helena a trouvé sa voie « naturellem­ent », parce que jouer était une « bonne manière de s’amuser ». Tout est permis sur un plateau de cinéma. « On a le droit de faire ce qui est interdit dans la vie : monter sur les tables, cracher et même dire des gros mots. » Et des gros mots, Benni en dit beaucoup. Son histoire nous bouleverse, sa solitude, sa sauvagerie, son amour pour les rares adultes qui arrivent à la gérer – un éducateur costaud et attentif qui, au fil du récit, la prendra sous son aile. Helena s’exprime d’une voix claire, le regard bleu et fiévreux, elle aussi. Sa belle énergie est palpable. Ce qu’elle aime le plus au monde, à part jouer ( A star is born avec Bradley Cooper est « son film préféré de 2019 ») , c’est monter à cheval. Même si elle en a de moins en moins le loisir : « Le tournage de Benni a duré quatre mois. C’était très long. Depuis, je voyage beaucoup, notamment aux États-Unis. »

« Sans ma licorne, je ne peux plus jouer »

Elle sort d’un tournage avec Tom Hanks pour le prochain long métrage de Paul Greengrass, et sera bientôt au casting d’un film sur Netflix au côté de Sandra Bullock. Tout en égrainant cette actualité foisonnant­e, la jeune actrice, qu’on interroge sur son premier souvenir d’enfance, laisse apparaître une peluche qu’elle tenait à la main depuis le début de l’échange : « Mon premier souvenir, c’est elle, ma licorne. Elle dort avec moi et m’accompagne partout, en voyage, sur les tournages, sinon, c’est une catastroph­e, je ne peux plus jouer. » La magie du cinéma tient parfois à peu de chose. À cette grosse boule de poils rose, usée à force d’avoir servi.

(*) De Nora Fingscheid­t, sortie le 18 mars.

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Helena Zengel, ci-contre, à propos de Benni, la qu’elle incarne au cinéma : « Ses bêtises et ses cris sont là pour attirer l’attention. »

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