Marie Claire

Chronique de la vie continue de Jacques A. Bertrand

- Fabrice Gaignault

Il ne faut jamais sous-estimer nos nièces. Celle de Jacques A. Bertrand s’est avancée vers lui, après être tombée sur un exemplaire (épuisé) de Chronique de la vie continue, et lui a conseillé de remonter ce merveilleu­x petit livre de l’oubli. L’écrivain a fait passer le message à son éditeur. Et voilà comment un « vieux » livre âgé de 36 ans, le deuxième de l’auteur, coiffe au poteau la plupart des « jeunes » emplâtres de ce début d’année. Chez lui, à Paris, dans un petit appartemen­t du 15e à l’ordonnance­ment de cellule monacale, Jacques A. Bertrand nous révèle l’existence de deux sortes d’écrivains, « ceux qui s’étalent et ceux qui se ramassent ». Chez cet oeil sensible, à l’âme barbouillé­e d’une mélancolie à la légèreté de nuage, l’existence et sa cohorte d’absurdités se dessinent à une table de brasserie. « J’allais souvent déjeuner près du Père-Lachaise, nous glisse-t-il. Longtemps, j’ai aimé déjeuner seul, à l’affût des bribes de conversati­ons. » Le lecteur compagnie d’un sosie de Terence retraite, mais aussi du Christ, de Bouddha, des papillons, de la condition humaine qui s’accommode d’une jeune morte en robe de mariée. Nous parlons beaucoup. Du livre, mais aussi de l’enfance qui, parfois, se refuse à lever le camp. Jacques de Blondin : « Entendons-nous : pas question de devenir un de ces vieux messieurs qui ont gardé le coeur jeune, je suis ce jeune homme dont l’enveloppe s’est usée. » La vie continue, bien sûr.

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Éd. Julliard, 17 €.

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