La renaissance des ongles sculptures
Longtemps circonscrit aux mondes du spectacle et de l’enfance, le nail art séduit de plus en plus de femmes – et d’hommes – qui plébiscitent ses formes d’expression les plus baroques.
Dans le monde digitalisé de 2020, toutes les expressions artistiques trouvent leur place et redéfinissent en permanence les codes du bon goût. C’est aujourd’hui le cas du nail art, qui fait son retour à coups d’ongles démesurés, de textures et de couleurs. Lili Creuk, nail artist, passée par les Beaux-Arts, témoigne : « Je travaille beaucoup de flammes, d’effets quartz ou écailles de tortue et du volume. Mais aussi, des strass et des gros bijoux. Le tout sur des ongles “stilettos”, extra-longs et pointus. » Sa clientèle ? Beaucoup de gens de la mode et de la musique, mais « aussi des clientes assez classiques, des avocates par exemple, qui twistent leur look avec des ongles super-longs à paillettes. Même si elles doivent souvent se justifier, elles les revendiquent comme un élément clé de leur personnalité », poursuit l’experte.
Fruits rouges, lunes et paillettes
Les codes changent : les manucures sont désormais respectés pour leur travail, au même titre qu’un
peintre ou un musicien. « J’ai une signature et mes clientes se font arrêter dans la rue pour savoir si leurs ongles ont été peints par moi », raconte Lili Creuk. Aux États-Unis, le mouvement est encore plus important et certains artistes collectionnent les fans, comme Juan Alvear et ses ongles sculptures popularisés sur tapis rouge par les manucures spectaculaires de la chanteuse Rosalia. Citons aussi Mei Kawajiri, qui officie souvent backstage et régale ses 220 000 abonnés de sa créativité sur Instagram, ou Britney Tokyo, qui a convaincu le chanteur Harry Styles de s’y mettre. Les rappeurs A$AP Rocky, A$AP Ferg et même le créateur Marc Jacobs, le temps d’une campagne Givenchy, assument désormais des ongles ornés de fruits rouges, de lunes ou de paillettes. Une révolution, même si la manucure au masculin reste sage avec des ongles coupés ras. « Pour d’autres en revanche, le confort n’est pas un sujet. Le plaisir de s’affirmer avec les ongles est si fort qu’il passe avant de savoir comment fermer son jean… » remarque Carole Colombani, maquilleuse. Désormais, d’aucuns doivent apprendre à utiliser leur carte au distributeur avec une pince à épiler. Une aventure.