Les jeux de rôles de Cindy Sherman
Nous jouons tous des personnages. Nos identités sont plurielles et l’une des artistes qui a le mieux cerné ces différentes fictions de nous-mêmes est Cindy Sherman. Lorsque, dans les années 70, la jeune Américaine a incarné l’étudiante, la femme fatale, la secrétaire ou encore la lolita dans une série déflagrante de photographies titrée Untitled Film Stills (19771980), elle ne se doutait sans doute pas à quel point elle allait rebattre les cartes de l’identité des femmes. Pour élaborer ses images, Sherman assume les rôles simultanés de modèle, de metteuse en scène, de maquilleuse, de coiffeuse et de costumière. Qu’elle explore la culture pop, les contes de fées, le genre horrifique, le grotesque, qu’elle se grime en clown, en sirène, en poupée cabossée, en mondaine vieillissante, ce qu’elle montre, ce « ne sont pas des femmes mais des images de femmes », comme l’a écrit le critique d’art américain Craig Owens. Ces images, ces masques, ces stéréotypes se démultiplient au gré de son oeuvre et forment un tout au sein duquel le moi féminin se dissout. Avec cent soixante-dix oeuvres réalisées de 1975 à 2020, soit plus de trois cents images articulées par séries, dont certaines inédites, Cindy Sherman réaffirme que nos apparences sont des constructions sociales.
« Cindy Sherman », jusqu’au 31 août,