Marie Claire

Le folk-rock rédempteur de Waxahatche­e

La chanteuse Katie Crutchfiel­d a vaincu son addiction à l’alcool en composant un cinquième album* sensible dans la grande tradition de l’americana. Solaire et vibrant.

- Par Charline Lecarpenti­er

En rouvrant un ancien journal intime où elle avait fait couler l’encre à 17 ans, l’Américaine Katie Crutchfiel­d fut piquée d’une révélation : à l’époque, déjà, elle se faisait la promesse d’arrêter de boire. Une lutte complexe, pas toujours compatible avec sa vie d’artiste, ses hauts, ses bas, et ses tournées à rallonge qui grignotent la santé physique et mentale de bien des musiciens. Saint Cloud, son cinquième album, est le témoin vibrant de son cheminemen­t vers la sobriété. La guitariste et chanteuse de 30 ans ne boit plus depuis un an et demi et a écrit ces titres en se sevrant. « Si je pouvais t’aimer inconditio­nnellement / Je pourrais repasser les coins du ciel le plus sombre », chante-t- elle d’une voix très posée. « Je pense que tous mes albums sont turbulents et émotionnel­s, mais celui-ci a une petite dose d’illuminati­on. Il a l’air plus calme et moins irréfléchi », explique-t- elle.

« Lena Dunham avec une guitare »

Le nom de son groupe, Waxahatche­e, n’a pas été choisi pour nous défier en dictée mais en clin d’oeil à la crique de l’Alabama où elle avait enregistré son premier disque, isolée dans une cabane de ses parents. Dès ses débuts, le journal anglais The Guardian voyait en elle une « Lena Dunham avec une guitare », un peu destroy, jamais lisse et peu prompte à baisser le voltage, assumant pleinement sa personnali­té cabossée et pétaradant­e.

Katie Crutchfiel­d a commencé sa carrière à mi-temps, serveuse le jour, squattant sur le canapé d’amis en attendant la gloire, comme bien d’autres avant elle. Après un passage par la formation punk P.S. Eliot avec sa soeur Allison en 2007, elle a trouvé avec Waxahatche­e un exutoire dans des compositio­ns folk-rock hyper sensibles. Son passé agité reste un carburant pour chanter la fin des amours vrillés, accompagné­s de guitares distordues avec finesse. Sur Saint Cloud, son retour à l’eau de source s’accompagne aussi d’un retour aux musiques qui l’ont initiée à la guitare, de l’americana et de la country, musique à papa en plein revival auprès d’une jeunesse américaine en pleine gueule de bois.

(*) Saint Cloud (

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