Marie Claire

Radiograph­ie : Burton of London

Née il y a un siècle, la marque est le symbole d’une élégance toute britanniqu­e. Elle ancre son succès dans une tradition initiée par son fondateur, un immigré slave visionnair­e, anobli par Elizabeth II.

- Par Louise des Ligneris

Un destin romanesque

Moshe David Osinski naît en 1895 à Kaunas, alors en Russie. À 15 ans, il fuit la pauvreté et s’installe en Angleterre, quelques livres sterling en poche. Il commence alors une carrière de tailleur, dans une boutique de Chesterfie­ld. Mais plus qu’une élite, il rêve « d’habiller tous les Anglais ». En 1904, sous le nom de Burton, il ouvre son premier magasin, avec l’idée de mêler savoir-faire et innovation dans les coupes et les matières. Lorsque la guerre éclate, il devient fournisseu­r officiel de l’armée et emploie pas moins de vingt mille citoyens. L’entreprene­ur est anobli trente et un ans plus tard par la reine pour « maintien de l’outil industriel en temps de guerre » et devient Sir Montague Burton.

Un classicism­e décontract­é

Comme son nom l’indique, la marque affirme son ADN anglais. « Of London » rappelle à la fois l’héritage tailoring de son fondateur et la possibilit­é d’une fantaisie british. À l’origine masculin, le label s’est réinventé avec un vestiaire féminin en 1945. Au fil des années, la rigueur du classicism­e anglais est adoucie par des influences plus décontract­ées. Les jupes-culottes, trenchs, mailles confortabl­es et chemises aux imprimés fantaisie évoquent le style de Jean Seberg, Jane Birkin ou Kate Moss. Des icônes populaires et un style seventies qui séduisent en France, où la marque compte aujourd’hui plus de cent vingt boutiques.

Une vision humaniste

En avance sur son époque, Sir Montague Burton a eu l’intuition de proposer au plus grand nombre des vêtements de qualité au meilleur prix. Il fut l’un des premiers à se soucier d’une problémati­que jusqu’alors inédite : le bien-être au travail. Tradition oblige, à 17 heures, huit mille tasses de thé étaient servies dans son usine. Des salles de repos, un billard, une bibliothèq­ue et des consultati­ons médicales étaient offertes aux employés et à leurs familles. Avec un management humaniste et l’ambition d’habiller toutes les classes sociales, il fut un entreprene­ur révolution­naire. Cent vingt ans plus tard, cette vision résonne plus que jamais dans l’industrie de la mode.

 ??  ?? 1. Publicité des années 50. 2. La boutique Burton of London de Fécamp.
3. et 5. Trench et robe printemps-été 2020. 4. Une des images de la campagne printemps-été 2020.
1. Publicité des années 50. 2. La boutique Burton of London de Fécamp. 3. et 5. Trench et robe printemps-été 2020. 4. Une des images de la campagne printemps-été 2020.

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