La déferlante du maillot eighties
On le croyait disparu en mer au large de Monaco ou de Malibu. Le une-pièce ultra-échancré est pourtant le nouvel allié de nos sessions de “plage active”. Décryptage.
1989. Sur petit écran, la nouvelle héroïne d’une série venue tout droit des États-Unis – silhouette plantureuse, chevelure blond platine, bronzage caramel – arpente les plages de Santa Monica pour secourir les baigneur·ses en détresse vêtue d’un maillot une-pièce rouge électrique à décolleté étourdissant et coupe échancrée sur les hanches, effet « jambes interminables ». Un look minimal qui devient iconique. Diffusée dans plus de 140 pays, Alerte à Malibu érige Pamela Anderson au rang de superstar. Quelques années plus tôt, en 1986, sur le rocher de Monaco, la princesse Stéphanie avait lancé sa ligne Pool Position. Affranchie, la princesse chanteuse et jet-setteuse prenait elle-même la pose dans ses créations à la coupe sportive très échancrée. C’était l’été, les années 80, la célébration d’un hédonisme assumé avec des corps galbés, moulés et épilés de près et très bronzés. Avant que ne déferle sur les plages la grande vague du string et du haut à balconnet. Désormais, l’obsession pour les rayons UV tend à s’éclipser, selon Mai Nguyen, directrice de style du bureau de tendances Peclers : « La période est plus hygiéniste : la beauté, c’est avant tout la santé et le corps au naturel. Sur la plage, les priorités ne sont plus les mêmes, on a tendance à se cacher du soleil, alors que le bikini dévoile la poitrine, les fesses, le ventre. » Et quid des femmes avec peu ou pas de formes ? Des petites rondeurs ? « Avec le une-pièce, on se focalise sur le dos, les jambes, les épaules, les cuisses », conclut-elle.
Autant de raisons pour que les marques le remettent à l’honneur. À l’image du label californien Vitamin A, aux créations siglées « la durabilité c’est sexy ». Ou encore Isa Boulder, le jeune label indonésien écoresponsable de Cecilia Basari et Yuli Suri. Drapés, lamés, effets de fronces : les créatrices placent l’individualité des femmes au coeur de leurs créations. Un style « sexy et maladroit » qu’elles revendiquent : « Le une-pièce permet de mettre l’accent sur le corps des femmes. Avec nos modèles, elles peuvent autant se cacher que se dévoiler, être mystérieuses ou s’amuser avec leur silhouette. » Tandis que cet été en France, le principe de « plage active » est conseillé, Mai Nguyen enfonce le clou : « Sa coupe fait référence au sport à la plage : surf, paddle, nage avec palmes. Le une-pièce offre une plus grande aisance, et relègue le deux-pièces à une fonction de l’ordre de la lingerie. »