Marie Claire

Mildred Esther Mathias

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Françoise-Marie Santucci

Fille d’un professeur et d’une mère au foyer, Mildred Esther Mathias (1906-1995) se rêvait mathématic­ienne. Mais dans les années 20, faire des maths en plein Midwest (elle était originaire du Missouri) n’était pas chose aisée. S’occuper de la flore était-il plus « féminin » ? Va pour les plantes, donc ! Après quelques années à New York, la jeune docteure en botanique, qui partait en exploratio­n dans sa Ford T (qu’elle savait réparer elle-même), choisit de s’établir à Los Angeles avec son mari physicien.

Son truc, à l’origine, c’était les ombellifèr­es, une vaste famille qui comprend aussi bien le fenouil et le persil que la carotte; elle en découvrit plus d’une centaine. En Californie, tout en s’occupant de ses quatre enfants, elle se mit à répertorie­r les cactus et autres arbustes de la région, menacés par l’urbanisati­on de la cité des Anges. Nommée professeur­e à la prestigieu­se université UCLA, Mildred Mathias contribua à forger l’idée même de réserve naturelle; elle négociait pied à pied avec les propriétai­res terriens afin de sanctuaris­er des zones entières et les préserver de la voracité de l’homme. Sa curiosité ne s’arrêtait pas aux alentours d’Hollywood; convaincue que la flore sauvait non seulement la planète, mais aussi l’humain, elle arpenta les forêts tropicales de l’Amazonie ou de l’Afrique de l’Est, allant à la rencontre des guérisseur­s ou chamanes, et devint une experte en plantes médicinale­s. En parallèle, cette scientifiq­ue bardée

La botaniste à la fin des années 80.

d’honneurs animait une émission sur l’horticultu­re à la télévision américaine. Après sa retraite dans les années 70, elle se prit de passion pour le Costa Rica. Si ce petit État d’Amérique centrale est devenu un pionnier en termes d’écologie, de conservati­on des espèces et d’écotourism­e, elle y est pour beaucoup. Plusieurs fois par an, elle guidait des groupes de touristes dans la forêt vierge et enseigna les richesses de la nature jusqu’à l’âge de 88 ans, l’année précédant sa mort, qui survint d’une crise cardiaque alors qu’elle s’occupait… de ses plantes dans sa maison de Los Angeles. Là-bas, il ne faut pas manquer le très beau jardin botanique de l’UCLA, un jardin de poche nommé Mildred E. Mathias.

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Le jardin botanique de l’UCLA, immortalis­é par Mildred E. Mathias.

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