Marie Claire

3 QUESTIONS

ALEXANDRE DUYCK, JOURNALIST­E (1), RETRACE DANS UN EFFONDREME­NT (2) LE BURN-OUT DE SA FEMME.

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Qu’est-ce qui vous a décidé à enquêter sur ce mal qui vous a touché de près? Le burn-out entraîne des troubles neurologiq­ues.

« Je ne me souviens de quasiment rien », dit ma femme, et c’est presque une année de sa vie. J’ai écrit ce livre pour lui rendre la mémoire. J’ai mené une enquête sous mon propre toit pour que l’on sache ce qu’est un burn-out, comment il peut être provoqué et comment on laisse des gens dans un tel état d’épuisement qu’ils finissent par s’écrouler.

Quand la psychiatre reçoit votre épouse, elle s’écrie: «Encore une travailleu­se sociale ! » Un métier à risques?

Oui, les personnes les plus touchées par le burn-out sont celles qui travaillen­t dans le social, l’enseigneme­nt, le «care», et, dans une moindre mesure, la police. Elles ont idéalisé leur métier, se donnent à fond et, au bout d’un moment, elles réalisent qu’elles n’arriveront pas à accomplir leur mission faute de moyens et de temps. Culpabilis­ées, elles se surchargen­t de travail et finissent par craquer. Ce sont des femmes qui, en majorité, exercent ces métiers, si on y ajoute la surcharge familiale, la charge mentale, elles ont toutes les mauvaises raisons de déclencher un burn-out.

Le burn-out serait une maladie contagieus­e pour le couple…

Ça oblige l’autre à en faire encore beaucoup plus à la maison et, face à l’extrême fatigue de votre conjoint·e, vous renoncez aux sorties, aux vacances. Ça vous tape sur le système, vous vous demandez combien de temps ça va durer. Le burn-out est une alarme, une remise en cause extrêmemen­t violente pour que les choses cessent. Pour beaucoup, c’est pourtant le début d’une deuxième vie. Après un CAP en maroquiner­ie, ma femme a lancé sa propre marque. Aujourd’hui elle va bien.

1. Et collaborat­eur de Marie Claire.

2. Éd. J.-C. Lattès.

Propos recueillis par Catherine Durand

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