Coup de projecteur sur Boris Charmatz
À l’occasion du portrait-rétrospective que lui consacre le Festival d’automne, lumières sur le plus prolifique de nos danseurs chorégraphes.
Il fut l’apôtre de la non-danse, ce LA BEAUTÉ DU GESTE courant de la fin des années 90 qui tournait le dos au mouvement pur. Et pourtant, quand il s’agit de faire sautiller, tressauter, convulser les danseurs, Charmatz se pose là ! À bras-le-corps, duo de 1993 qu’il recrée cet automne, est si virtuose que l’Opéra de Paris l’a fait entrer à son répertoire. Quant au ballet 10 000 gestes, sublimité sur fond de Requiem de Mozart, il est si énergétique que même le spectateur en sort épuisé.
Sur le tarmac de Tempelhof, LA DANSE DÉCLOISONNÉE l’aéroport abandonné de Berlin, ou dans les couloirs du palais Garnier, Charmatz décloisonne la danse à tout-va. Jamais avare de traits d’esprit conceptuels, il a même imaginé dans les années 2000 une école chorégraphique sans murs ni profs, ironiquement baptisée Bocal. Plus terre-à-terre mais toujours loin des planches, c’est au musée de l’Orangerie qu’on l’attend en décembre pour un Boléro parmi les Nymphéas de Monet.
Boris Charmatz, c’est un corps LE VERBE EN MOUVEMENT puissant, un esprit qui bouillonne et une sacrée plume, théorisant sa pratique en vrai penseur de la danse. Comptez sur lui pour mettre en branle la haute littérature comme lorsqu’en 2008, il embarque Jeanne Balibar à bord d’un camion fou, au volant duquel elle récite la prose si bizarre de Tatsumi Hijikata. Au Grand Palais en janvier, c’est La ronde d’Arthur Schnitzler qu’il va chorégraphier… et on en a déjà le tournis. 10000 gestes, du 25 au 27 nov. au Théâtre de Chaillot, Paris 16e.
À bras-le-corps, du 26 au 28 nov. au CND, Pantin. Boléro 2, le 7 déc. au musée de l’Orangerie, Paris 1er. La ronde et Happening tempête, les 15 et 16 janv., au Grand Palais, Paris 8e. festival-automne.com