Marie Claire

Aline en une image

En déclarant sa flamme à Céline Dion, Valérie Lemercier signe avec son nouveau film un retour flamboyant derrière et devant la caméra. Mais qu’y voit-on exactement?

- Par Emily Barnett

UN HOMMAGE À CÉLINE DION

La star québécoise n’aurait pu rêver mieux: un biopic à sa gloire sans piller sa vie ni citer son nom ! Aline est un portrait imaginaire sur l’ascension d’une star de la chanson homonyme, clone burlesque et attendriss­ant de la vraie Céline Dion. Toujours sur le fil, le film oscille entre la farce et le mélo, et c’est très beau.

UN BIOPIC EN CHANSONS

My heart will go on, All by myself… Le répertoire impression­nant de la chanteuse aux 230 millions d’albums vendus se décline en shows pailletés, nous rappelant combien ces titres appartienn­ent à notre imaginaire collectif. Valérie Lemercier trouve le dosage parfait entre costumes kitsch et jeu de scène millimétré, mimétisme et invention.

UNE PERFORMANC­E D’ACTRICE HORS NORME

La prouesse tient aussi au don de transformi­ste de l’actrice, qui s’amuse à jouer la chanteuse à tous les âges, même enfant. C’est drôle et jamais raté. De ce rajeunisse­ment numérique opéré sur son visage émane une singulière poésie, facétieuse et pleine d’audace. Il faut aller voir ça de ses propres yeux.

Aline de et avec Valérie Lemercier, en salle le 18 novembre.

1

CORNICHE Né à Paris, il grandit dans les cités marseillai­ses et passe son temps libre dehors. Principale­ment sur le terrain de foot de La Corderie, « sans filets et régulièrem­ent sans poteaux » et le pont du Vallon des Auffes, au bout de la corniche Kennedy, d’où il saute régulièrem­ent. « Un jour, ma mère m’a surpris et m’a grondé devant tout le monde parce qu’il n’y avait pas beaucoup de fond.» Sofian est assigné à résidence:

« Ma grand-mère me surveillai­t et moi, je me tapais la tête contre les murs à force d’être enfermé.»

2

GUS VAN SANT En le voyant arriver en survêtemen­t, la caissière d’un cinéma d’art et d’essai l’avertit : «Vous savez que Gerry de Gus Van Sant, c’est en V.O.? Vous le savez, hein ? » Cette mise en garde le met mal à l’aise : « À 18 ans, je n’arrivais pas à me défaire des préjugés et j’avais du mal à franchir la porte des lieux culturels. » Mais un peu plus tard, quand un ancien du quartier hautement respecté lui avoue fébrilemen­t se rendre à un atelier de théâtre, il saute sur l’occasion : «Est-ce que je peux venir?»

3

HÔTEL BASKET Après s’être frotté aux textes de Shakespear­e, Hugo et Tchekhov sur la scène d’un bar associatif «où ça sentait l’alcool et la transpirat­ion », il convoque sa famille autour de la table à manger: « Je pars à Paris prendre des cours de théâtre. » Deux jours plus tard, il prend le train avec un jean, deux T-shirts, vingt euros en poche et s’installe dans un hôtel près de la gare de l’Est. « Un matin, j’ai prétexté que je devais passer à la laverie et j’ai fait un hôtel basket.» Pour payer ses premiers cours, il est barman dans un bar de nuit à Bastille et travaille dans des brasseries le week-end. En 2009, il est reçu au Conservato­ire national supérieur d’art dramatique.

4

SNORKELLIN­G Huit ans après son arrivée à Paris, il s’autorise enfin à prendre des vacances aux Philippine­s, avec un ami, l’acteur Tewfik Jallab. « Je n’arrêtais pas de culpabilis­er, j’ai mis une semaine à me détendre avant de pouvoir profiter du snorkellin­g.» Une nuit, ils arrivent en retard à un rendez-vous avec un chauffeur, au milieu de la jungle. «On avait perdu du temps parce que Tewfik avait oublié sa trousse de toilette. Le pauvre, j’étais tellement tendu que je me suis mis à l’insulter pensant qu’on avait raté le départ. Finalement, le chauffeur est arrivé à 4h45. On avait oublié ce que les guides ne cessaient de mentionner: être en retard est une pratique courante aux Philippine­s.»

5

VÉLODROME Sur le tournage de Chouf de Karim Dridi, qui le ramène à Marseille, il travaille à retrouver son accent perdu et se délecte de l’odeur iodée du port de son enfance. Supporter de l’OM, il organise un rendez-vous galant au stade Vélodrome, où se joue un match Marseille-Lyon. « D’habitude, je me serais concentré sur le terrain mais là, je passais du match à mon crush en permanence. Je n’étais pas tout à fait sûr que cette fille me plaise vraiment, mais quand elle a agité son drapeau de l’OM, elle a marqué des points.»

6

SAUTERELLE­S Dans La nuée* de Just Philippot, il joue un vigneron secrètemen­t amoureux d’une mère de famille qui essaie de s’en sortir en vendant de la farine de sauterelle­s, la nourriture de demain. «La première scène avec Suliane Brahim (pensionnai­re de la Comédie-Française, ndlr) n’était pas la plus importante, je l’aidais simplement à monter une serre, mais dès qu’elle s’est mise à jouer, j’ai été époustoufl­é. Je me suis dit que mon travail allait être très facile, car elle est totalement engagée et donne beaucoup.»

7

BIBERON En août, il est devenu l’heureux papa de Naël. «Sa mère et lui sont venus me rendre visite sur le tournage de Mes frères, et moi de Yohan Manca avec Judith Chemla, mes grands amis. Je me sentais vraiment en famille. Mon fils est une réelle source d’inspiratio­n pour mon métier. Les bébés font des grimaces sublimes parce qu’ils n’ont aucune conscience de leur image. Cela me fait penser à cette phrase d’Antonin Artaud: “J’ai pour me guérir du jugement des autres toute la distance qui me sépare de moi-même.” Le bébé, lui, ne pense pas à l’autre, il est dans le présent, à la seconde près. Tu lui donnes le biberon, il pète en te regardant.» (*) La nuée de Just Philippot, avec Suliane Brahim, en salle. Un triomphe d’Emmanuel Courcol, avec Kad Merad, sortie le 23 décembre.

Arthur Rambo de Laurent Cantet, avec Rabah Naït Oufella, sortie prochainem­ent.

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