Marie Claire

De bon matin avec Marina Hands

- Par Fabrice Gaignault Photos Paloma Pineda

Quelques jours avant le reconfinem­ent, la comédienne, dont on devrait bientôt découvrir le nouveau film, Un triomphe (1), et la première mise en scène au théâtre (2), acceptait de nous rencontrer. En matinée plutôt qu’après minuit, couvre-feu oblige, mais veillant à faire pétiller la conversati­on, qu’elle émaille de grands éclats de rire. Même lorsque s’avancent les sujets les plus intimes, “les seuls, nous dit-elle, qui soient importants”.

Une rencontre d’après minuit à 9 heures du matin ? Logique par temps de couvre-feu à 9 heures du soir. Autant mettre les heures et les minutes par-dessus tête, et commencer, tiens, par commander deux coupes de champagne, pour trinquer à la vie qui doit continuer de pétiller, envers et contre tout. Jouons à la nuit américaine, au Nemours, place Colette, à deux pas de cette Comédie-Française où Marina Hands, qui a intégré la célèbre institutio­n au printemps dernier après un premier passage en 2006, crée en collaborat­ion avec Serge Bagdassari­an sa première mise en scène. Mais quelle comédie ! se veut une folie joyeuse, festive, inspirée des «musicals» anglo-saxons. Un remède bienvenu à la mélancolie covidesque. Escortée de Micky, un petit chien noir au visage mangé de poils gris, Marina Hands est belle, habitée d’une beauté tranquille et solaire, comme évidente, où ne passe aucun soupçon d’afféterie. Son large visage est rehaussé de pommettes qui ne demandent qu’à se soulever pour faire rugir par moments un rire fabuleux, comme un souffle clair et bienfaisan­t. Mais Marina est aussi directrice de prison dans Un triomphe, l’intelligen­t et enthousias­mant film d’Emmanuel Courcol, inspiré d’une authentiqu­e histoire suédoise. Il était une fois de redoutable­s taulards devenus les interprète­s convaincan­ts d’En attendant Godot par la grâce d’un professeur acharné, ici joué par le sensible Kad Merad. On ne livrera pas l’épilogue, ébouriffan­t et lui aussi attaché à la véritable histoire. Contentons-nous de citer les toutes dernières répliques de la pièce de Beckett : Vladimir : « Alors, on y va ? » Estragon : « Allons-y… » (voir le film, ajoutons-nous).

Mais écoutons la comédienne: «J’ai rencontré la directrice adjointe et la directrice des surveillan­ts de la prison de Meaux où nous avons tourné. Je ne me suis pas demandé si mon personnage était une bonne directrice ou pas, c’est une femme qui représente son métier, ce qui

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