Marie Claire

L’actu qui nous touche, nous interpelle

- Par Françoise-Marie Santucci

Dotée d’un courage exceptionn­el, cette espionne musulmane d’origine indienne a combattu les nazis en France pour le compte des services secrets britanniqu­es. Une vie de roman, mais en vrai.

Née en 1914 à Moscou d’un père indien, descendant du sultan de Mysore, et d’une mère américaine, Noor Inayat Khan grandit entre la France et le Royaume-Uni. La famille est aisée, instruite, artiste. Aînée de quatre enfants, Noor entreprend des études de psychologi­e à la Sorbonne, ainsi que de musique auprès de Nadia Boulanger, écrit des poèmes et des contes pour enfants. Quand la guerre survient, elle trouve refuge à Londres avec ses proches. Décrite comme rêveuse et pacifiste (elle admire Gandhi), Noor décide néanmoins de s’engager dans la branche féminine de l’armée britanniqu­e. On la repère vite : intelligen­te, bilingue, volontaire, elle intègre le Special Operations Executive (SOE), un service secret de sabotage créé par Winston Churchill. Envoyée clandestin­ement en France sous le nom de code « Madeleine », elle est la première femme à devenir «opératrice radio». Cela semble abstrait, c’est vital: il s’agit de faire le lien entre la Résistance et les alliés. Soumise à un danger permanent, elle remplit sa mission au coeur du lieu le plus exposé du pays : Paris. Finalement arrêtée par les Allemands fin 1943 (sur dénonciati­on française), elle est interrogée pendant des semaines au siège de la Gestapo, tente de s’enfuir, et ne livre rien. Ni personne. Emprisonné­e pendant des mois en Allemagne, condamnée à l’isolement, elle continue à rester mutique. En 1944, on la transfère au camp de Dachau. Un matin de février, avec trois de ses amies du SOE, elle est exécutée d’une balle dans la tête. Son dernier mot aurait été « Liberté ». À titre posthume, Noor Inayat Khan reçoit les plus hautes distinctio­ns : Croix de guerre française, George Cross britanniqu­e. Une statue à son effigie trône dans les jardins de Gordon Square, à Londres, et à Suresnes, où elle a grandi, une plaque lui rend hommage devant sa maison d’enfance, et une école primaire porte désormais son nom.

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Des engagées volontaire­s de l’armée britanniqu­e apprennent le code Morse en 1941.
La photo de passeport de l’agente secrète. Des engagées volontaire­s de l’armée britanniqu­e apprennent le code Morse en 1941.

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