MUSIQUE Les nouvelles métamorphoses de La Femme.
LA FEMME MÊLE LA FÊTE ET L’INTIME comme peu de groupes l’ont fait en France depuis dix ans. Le temps paraissait long depuis l’album Mystère (2016), un presque adieu à l’adolescence mélancolique, turbulent, fin et bêta à la fois, où il était question d’amours évacués par la mauvaise foi (Le vide est ton nouveau prénom), par une franchise servie en carpaccio (Elle ne t’aime
pas), mais aussi d’affaires de Mycose et de réflexions plus métaphysiques. Sur le troisième album Paradigmes, l’esprit collectif est célébré : «Pendant la nuit, les paradigmes s’effacent / Les masques tombent pour célébrer le néant et la folie », et des invitées magnétiques orbitent autour du noyau du groupe, formé par Sacha Got et Marlon Magnée depuis leur côte basque. Parmi elles: Clara Luciani, qui chantait pour le groupe à ses débuts, Alma Jodorowsky, la cantatrice avant-gardiste Mathilde Fernandez et, bien sûr, Clémence Quélennec qui donne chair à La Femme en concert depuis ses débuts. D’autres voix énigmatiques sont signées Ariane Gaudeaux, Lisa Harman, etc. La bande nous arrache enfin à nos solipsismes, elle entend plutôt « foutre
le bordel », comme sur Le sang de mon prochain, ou à renfort de trompette et trombones. Depuis ses débuts garage, surf et rock sixties, La Femme continue d’évoluer, plus psychédélique ou synthétique, et creuse ses talents de conteuse version rap sur Pasadena. La solitude est évacuée avec un esprit gang digne d’un épisode de Scooby-Doo. La voix de Marlon Magnée, douce et hantée, tout comme celles des choeurs, réussit à chaque fois les métamorphoses de La Femme, qui comme toutes les femmes, a une grande année devant elle.
(*) Paradigmes (Disque Pointu/Idol).