Marie Claire

Quand L’Impératric­e console nos peines de coeur.

- Par Charline Lecarpenti­er

“T’AS PEUR DES FILLES/ELLES SE TRANSFORME­NT UNE FOIS PAR MOIS”, ironise Flore Benguigui sur un tube féministe truculent, niché sur le second album de son groupe L’Impératric­e. Le clip est aussi sanglant que la référence. On y coupe des têtes dans une parodie de films d’horreur rétro, réalisée par Aube Perrie, le prometteur vidéaste qu’on avait déjà repéré pour le clip de La thune d’Angèle. L’Impératric­e n’échappe pas non plus à sa propre transforma­tion, trois ans après son premier album Matahari. C’était à l’époque une leçon d’espionnage mystique et un opéra spatial, qui ravivait cette french touch rêveuse et groovy, mais où régnait un froid impérieux. Il se déglace sur ce nouvel album, plus intimiste mais toujours dansant et aux textes plus ancrés dans le quotidien. En revenant à la réalité terrienne, Flore scrute les ressorts de la séduction, d’une voix taquine, équilibris­te. Si l’album s’appelle Tako tsubo, expression japonaise qui qualifie le syndrome des coeurs brisés (et se traduit par « piège à poulpes »), on y préfère le disco et l’humour aux lamentatio­ns, exception faite de quelques bleus à l’ego (sur Hématome). Et surtout, il compense avec beaucoup de basses grasses, idéales pour absorber les relents d’amertume de la rupture. Les synthés enveloppan­ts ont un effet tentaculai­re et réconforta­nt. Pour faire monter le mercure, le groupe a sollicité Neal Pogue, le mixeur qui se trouve derrière bon nombre de tubes d’Outkast, soit la définition même d’une certaine bonne humeur. Et quand on n’échappe pas à la mélancolie, celle-ci se fait douce, comme sur Tant d’amour perdu, titre écrit à l’origine par Michel Berger, ici projeté dans le futur, ou Tombée pour la scène, avec une Flore Benguigui en artiste dévouée façon Chanteur abandonné de Johnny. On sait qu’il faudra à l’avenir compter sur cette nouvelle figure pop, qui a aussi été une voix précieuse du mouvement #MusicToo, pour lequel elle avait témoigné sur la violence sexiste dans l’industrie musicale française.

(*) (Microqlima).

par la BBC, Celeste Waite admire la DÉSIGNÉE “SON DE L’ANNÉE 2020” pureté de la voix de Nina Simone depuis l’enfance. Née à Los Angeles d’une mère britanniqu­e et d’un père jamaïcain, elle grandit à Brighton, en Angleterre, et fait ses débuts dans un bar de plage avec une reprise du «modfather» Paul Weller. Elle écrit sa première chanson à 17 ans, Sirens, inspirée par la mort de son père, décédé un an plus tôt. Grâce à YouTube, celle-ci lui permet de décrocher une manageuse et d’être signée par le label de Lily Allen. Sorti fin janvier, son premier album* confirme les espoirs suscités par Hear my voice, titre découvert sur la B.O. du film Les sept de Chicago. Subtile pour chanter la douleur de la trahison d’un amant sur Both sides of the moon, Celeste regonfle son ego et les poumons sur Stop this flame, dont le clip a été tourné à La Nouvelle-Orléans. Une chanson qui absorbe les pulsations du berceau du jazz et lui ouvre les portes d’une reconnaiss­ance interconti­nentale. C.L.

(*) Not your muse (Polydor/Universal).

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