Marie Claire

Pauline Clément

Elle a failli devenir menuisière, puis esthéticie­nne. Entre une série web* sur le désir amoureux et la Comédie-Française, cette comédienne de 35 ans promène aujourd’hui sa voix et son charme juvéniles avec une curiosité émerveillé­e pleine de fantaisie.

- Par Maroussia Dubreuil Photo Jules Faure

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PLAYMOBIL Fille d’une professeur­e et d’un médecin, elle grandit à Brunoy, dans l’Essonne. Dyscalculi­que, dysorthogr­aphique et légèrement dyslexique, Pauline se décourage et redouble son CE1… À la maison elle s’applique à « faire des installati­ons » avec ses Playmobil, aidée par son petit frère. «J’aimais bien le côté minutieux de cette activité. Les personnage­s, les accessoire­s, le mobilier… ça fourmillai­t de détails ! Une couette à emboîter sur un matelas à clipser sur un lit dans lequel je pouvais insérer une figurine… Je faisais parler les bonshommes mais tout se passait dans ma tête, en silence. »

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DACTYLO En 3e, elle suit une filière technique, menuiserie et électricit­é, à Paris. Son cours préféré, c’est dactylo, où elle apprend à positionne­r les mains au milieu d’un clavier de façon à ne bouger que les doigts. « Avec mes ami·es, on faisait des concours de rapidité… Certain·es trichaient en sautant des paragraphe­s mais moi, je tapais tout vite. J’avais l’impression d’avoir trouvé ma vocation. Le problème, c’était les fautes d’orthograph­e. »

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FAUX CILS À 17 ans, inscrite en CAP esthétique, elle se voit déjà ouvrir un spa. «Quand je prenais les transports en commun, j’imaginais comment je pouvais maquiller les gens… Vendeuse chez Make Up For Ever, j’aimais prendre soin des clientes. Je me souviens être partie à la recherche de faux cils pour une dame qui m’avait confié être malade. » Aujourd’hui comédienne, Pauline attache un intérêt particulie­r au HMC (Habillage Maquillage Coiffure). Elle n’hésite pas à envoyer des photos références glanées sur Internet au maquilleur qui s’occupera d’elle. «Et si j’apprends qu’il s’est cassé la cheville et qu’il va être remplacé, je panique.»

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DICTAPHONE Jeune fille, elle hésite entre danse orientale et théâtre. Finalement, sa mère lui trouve un cours de comédie dans un appartemen­t parisien où la professeur­e a installé une petite scène rouge. « J’adorais ça mais j’avais du mal à apprendre mes textes seule… Je me déconcentr­ais vite. » Encore aujourd’hui, elle demande de l’aide à sa mère, son frère, des ami·es ou… son dictaphone. «En 2015, lorsque j’ai fait mes débuts à la ComédieFra­nçaise, j’ai dû mémoriser un texte très compliqué sur la guerre. Les derniers jours de l’humanité de Karl Kraus. Pour bien faire, j’ai tout dessiné sur une petite feuille.»

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LISTE D’ATTENTE « À deux reprises, j’ai passé des auditions importante­s et me suis retrouvée sur liste d’attente avant d’être prise. Résultat: j’apprends la bonne nouvelle juste avant que le travail ne commence. J’éprouve alors une grande joie mêlée à un sentiment d’inquiétude car je dois m’y mettre tout de suite.» Ce fut le cas lors du concours du Conservato­ire national d’art dramatique et l’audition pour la Comédie-Française.

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PELUCHE Enfant, Pauline avait un shih tzu pékinois dénommé Chocolat. «Jusque-là, je pensais que j’étais team chien. Mais il y a quatre mois, en adoptant une chatte blanche et grise, j’ai réalisé que j’étais “chien et chat”. Je voue une passion à Peluche… Même l’hiver, je laisse la fenêtre ouverte pour qu’elle puisse aller se balader et je la regarde dormir pour vérifier si tout va bien.» Pauline espère un jour tourner une vidéo web avec sa petite protégée, au sein du collectif Yes Vous Aime, dont elle fait partie. «Mais je ne peux pas l’emmener dans ma loge au Français que je partage avec l’actrice Rebecca Marder car les chats sont plutôt sédentaire­s.»

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ROHMÉRIEN Séduite par la série Sex education sur Netflix, elle tourne la web-série Fluide* pour Arte, qui explore le désir amoureux dans les couples d’aujourd’hui. «J’aimais bien le sujet et la manière dont chaque épisode aborde les problèmes que peuvent rencontrer deux amoureux quand ils ne sont pas sur la même longueur d’onde à ce niveau-là…» Créés par des auteurs de bande dessinée, les personnage­s, type rohmérien, disent tout ce qu’ils ressentent… «Il fallait s’engouffrer dans de longues tirades, c’était presque un travail théâtral.»

(*) Fluide, web-série créée par Thomas Cadène et Joseph Safieddine, avec aussi Simon Thomas, Matthias Jacquin, Manon Kneusé, sur arte.tv

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