VITE ET BIEN
Nos quatre coups de coeur du mois
LA PÉPITE
Tout le bonheur du monde de Claire Lombardo
702 pages de pur bonheur, même quand ce n’est pas drôle, où l’élégance et la finesse ne perdent jamais leurs droits. L’histoire, donc, d’une famille américaine, de 1970 à nos jours. David et Marilyn, éternellement amoureux et leurs quatre filles, normales et déjantées, dont on suit les heurs et malheurs. L’auteure, 30 ans à peine, se retrouve avec cette fresque d’une sensibilité et d’un humour irrésistibles dans les meilleures ventes du New York Times, et va être adaptée par HBO. G.C.
Éd. Rivages, traduit de l’anglais (États-Unis) par Laetitia Devaux, 24,90 €.
LA SURPRISE
Ma vie extraordinaire de Benoît Duteurtre
Certes, il a décroché le prix Médicis en 2001 avec Le voyage en France. Pas un inconnu, mais pas assez connu. Pas à la mesure de son talent, qui éclate ici, du récit enchanteur de ses souvenirs d’enfance aux portraits tendres ou piquants de ses rencontres, amicales, pro ou amoureuses. Comme celle de Jean-Sébastien, de dix-huit ans son cadet et si bien nommé pour le musicien qu’est aussi Duteurtre, au jeu tout en finesse sur son piano comme sur son ordi, d’où est sortie cette savoureuse musique aux envolées maîtrisées par l’humour. G.C.
Éd. Gallimard, 20 €.
LA DÉMONSTRATION
Je suis une fille sans histoire d’Alice Zeniter
L’idée de ce livre lui est venue dans un TGV Saint-Brieuc-Paris, allez savoir pourquoi… Alice Zeniter, prix Goncourt des Lycéens en 2017 (600000 exemplaires), nous livre ici un court essai passionnant sur les codes du récit. Et aussi sur la place habituelle réservée aux personnages féminins et à leur corps dans la fiction. Illustration vivante et pointue de l’inégalité des sexes dans la littérature et au cinéma, mais aussi de ce qu’est, en général, la fabrique des histoires, avec son mode d’emploi. Inspirant, pourrait-on conclure si l’on ne craignait ce cliché… G.C. Éd. L’Arche, 12 €.
LE CHOC
La sauvagine de Sophie Brocas Lutte pour la vie, lutte pour l’amour, lutte des classes : dans une petite ville industrielle frappée par la crise, la narratrice est confrontée au diagnostic de sa leucémie. Elle, qui n’avait appris à vivre qu’avec sa paye, gagne au même moment 220000 euros au loto, qu’elle hésite à réclamer. Seul son frère, par une greffe de moelle, pourrait la sauver, mais elle ne le voit plus du tout, gravement brouillée avec lui. Alors, que faire? Se battre, bien sûr. Une lecture forte, qui donne de la force. G.C.
Éd. Mialet-Barrault, 19 €.