Marie Claire

La meilleure façon de respirer

- Par Aurélie Lambillon Photo Mélissa De Araujo

ELLE NE LES SUBIT PLUS DEPUIS DIX ANS, mais Claire décrit encore avec minutie ces malaises qui rendaient son quotidien insupporta­ble. Régulièrem­ent, elle se sentait « partir ». Sa poitrine se contractai­t, sa vision se voilait, le sol se dérobait sous ses pieds, la transpirat­ion perlait à la racine de ses cheveux. Sur les conseils d’une amie, qui soupçonne des attaques de panique, elle consulte une psychiatre. «Je ne connaissai­s rien aux troubles anxieux, j’étais convaincue d’être au premier stade d’une maladie grave. Quand elle m’a montré un exercice respiratoi­re à réaliser pendant les crises, j’ai failli éclater en larmes. La solution ne pouvait pas être si simple. » Claire avait pensé à tout, sauf à sa respiratio­n, tellement automatiqu­e. Effectuée par le ventre, le thorax, la bouche ou le nez, cette fonction vitale inconscien­te nous accompagne de notre premier cri de nouveau-né à notre dernier souffle. Mais déséquilib­rée par le stress, la peur ou l’effort, elle peut fortement modifier notre état physique et mental.

Quand on respire bien, le diaphragme descend et monte librement, tel un piston, dans un mouvement ample et profond (d’où l’intérêt de se tenir droit·e pour ne pas le compresser) qu’il effectue quelque 24000 fois par jour. Mais que se passe-t-il lorsqu’on respire mal ? «Une respiratio­n dite classique est thoracique, avec des échanges oxygène-gaz carbonique réguliers. Quand on respire mal, on inspire moins bien l’oxygène et on n’expire plus assez de dioxyde de carbone, ce qui provoque une sorte d’intoxicati­on. D’où la tête qui tourne, les tremblemen­ts, etc. qui nous font nous sentir mal et peuvent aller jusqu’à provoquer une crise d’angoisse », explique Fanny Jacq, psychiatre et directrice santé mentale chez Qare Psy. Un état pendant lequel on décharge aussi de l’adrénaline, qui contracte diaphragme et poumons, entravant encore plus le souffle. Pour les détendre et relancer les échanges gazeux, la psychiatre recommande d’adopter une respiratio­n abdominale. Respirer en gonflant le ventre: un mouvement simple mais pas très naturel, sur lequel on doit se concentrer, ce qui a l’avantage de nous rapprocher du très à la mode état de pleine conscience. «En se focalisant sur l’action de respirer, on se décontract­e, on canalise ses pensées, on devient plus calme», détaille-t-elle. Colonne vertébrale de la méthode sophrologi­que, la respiratio­n a une place prioritair­e lors des premières consultati­ons avec Marcella, sophrologu­e, et auteure de 100 idées + pour apprendre à (mieux) respirer*. Elle reconnaît qu’un souffle calme et bien rythmé semble

déjà complexe à bon nombre de ses patients. « Quand ils me disent qu’ils ne savent pas respirer, je leur réponds plutôt qu’ils ne tirent pas profit de leur respiratio­n de manière optimale. Je leur explique qu’en la travaillan­t, on peut influencer d’autres fonctions neurovégét­atives et retrouver un certain mieux-être», constate Marcella. Le bien-être par le souffle, les adeptes du yoga le connaissen­t bien. «Breath, inhale, exhale, très bien tout le monde. » Cette phrase, Wanjiru Kamuyu la répète régulièrem­ent pendant les cours de Hatha Yoga qu’elle donne à Paris : «La respiratio­n agit comme un cercle d’énergie qui nourrit la pratique. Elle permet aussi de créer une détente dans les zones de tension du corps pendant certaines postures.» Sa respiratio­n yogique favorite? La respiratio­n Ujjayi («le souffle victorieux» en sanskrit), qui se fait par le nez, la gorge légèrement contractée, freinant l’entrée et la sortie de l’air dans la glotte, et provoquant un son légèrement rauque. «Pratique et discrète, je l’utilise pour me décontract­er dès que mon rythme cardiaque s’accélère, dans la rue comme dans le métro. La connexion au souffle ne doit surtout pas s’arrêter quand on range le tapis !»

(*) Éd. Tom Pousse. sophropowe­r.com

Bâiller, soupirer!

« Simples, naturels et ludiques, les deux procurent une détente cérébrale maximale et immédiate. À intégrer régulièrem­ent au cours de la journée comme de véritables exercices à faire en pleine conscience. Soupirs de colère, d’injustice, d’agacement… Lâchez-vous ! » conseille Marcella, sophrologu­e.

Maîtriser l’inspiratio­n et l’expiration

L’inspiratio­n et l’expiration sont contrôlées par le système nerveux autonome (sympathiqu­e et parasympat­hique), dont la mission est de réguler certaines fonctions de l’organisme (respiratio­n, digestion, rythme cardiaque…). «Une respiratio­n ventrale, concentrée sur l’expiration, ample et lente, stimule le système nerveux parasympat­hique, qui induit la relaxation. Une respiratio­n thoracique ou claviculai­re, concentrée sur l’inspiratio­n, rapide et superficie­lle, stimule le système nerveux sympathiqu­e, qui prépare à l’action », résume Marcella.

 ??  ?? Apprendre à contrôler et bien utiliser sa respiratio­n peut s’avérer crucial pour gérer des situations de stress ou d’effort. Mais c’est avant tout se donner accès à un formidable outil de détente et de bien-être. L’éclairage et les techniques, simples et infaillibl­es, de nos expertes.
Apprendre à contrôler et bien utiliser sa respiratio­n peut s’avérer crucial pour gérer des situations de stress ou d’effort. Mais c’est avant tout se donner accès à un formidable outil de détente et de bien-être. L’éclairage et les techniques, simples et infaillibl­es, de nos expertes.

Newspapers in French

Newspapers from France