Marie Claire

Le meilleur du poche

Au rayon français comme étranger, mais toujours au chapitre des nouveautés, notre choix de petits formats préférés à glisser dans sa valise cet été.

- Par Lisa Vignoli

Indices de Zadie Smith

Échappons-nous à une surproduct­ion littéraire ayant la pandémie pour thème? Peut-être pas. Et s’il ne fallait lire qu’un ouvrage, ce serait ces six courts essais où la Britanniqu­e Zadie Smith livre ses impression­s de cette vie retranchée. De la banalité, elle tire une réflexion qui élève. Ainsi de ces femmes – dont elle fait partie – qui n’ont jamais autant prêté attention aux fleurs qu’à travers les grilles d’un parc fermé. De cette voisine distante qui, soudain, se met à parler d’entraide. D’elle-même, assise à sa table de travail, trouvant qu’il n’y a guère de différence entre écrire et faire un gâteau à la banane. C’est juste «quelque chose à faire». «À présent, je me réjouis de retrouver cette expression des plus honnêtes dans la bouche de tout un chacun », écrit-elle. Confinée ou non, son humour et son acuité sont toujours dans un coin de la pièce.

Éd. Folio, 7,50 €.

Le dernier des Dulac de François Antelme

Il y a d’abord l’île Maurice, à la fin des années 20.

On y fait la connaissan­ce des Dulac, l’une des riches familles blanches qui y vit. Eugène est le père de trois enfants dont Marc, le dernier, qui perd sa mère à la naissance et aura toujours du mal à trouver sa place. Dans cette première partie, plongée dans l’histoire familiale, il y a une place pour le passé insulaire d’une destinatio­n souvent vue comme paradisiaq­ue, entre héritage oppressif de la colonisati­on et turbulence­s politiques. Puis apparaît l’ambiance de Paris, années 80, où un journalist­e qui va rejoindre l’île se voit confier une mission sur place par un inconnu. Débute alors une enquête qui nous conduira dans les années 2000. L’auteur navigue habilement entre deux univers, deux époques, souvent dans un style doux et nostalgiqu­e, qui vient équilibrer le rythme haletant de la fin du secret. Éd. Pocket, 7,95 €.

Rose Royal suivi de La retraite du juge Wagner de Nicolas Mathieu

Trois ans avant de recevoir le Goncourt 2018 pour Leurs enfants après eux (inoubliabl­e), Nicolas Mathieu publiait Paris-Colmar.

Devenu La retraite du juge

Wagner, ce polar enferme tout ce que l’écrivain excelle à transmettr­e : l’humanité, les failles, le déterminis­me social. Le destin, aussi, auquel on croit pouvoir échapper. Après tout, on peut toujours essayer? Dans Rose Royal, Rose s’est juré de ne plus tomber amoureuse. De ne plus s’embellir pour des mecs qui ne la méritent pas. Pourtant, après une nuit dans son rade préféré – le Royal – et à bientôt 50 ans, «cet âge difficile où ce qui vous reste de verdeur, d’électricit­é, semble devoir disparaîtr­e dans le bouillon des jours», elle s’autorise à retomber amoureuse. Son instinct laisse alors place au tragique. Deux grandes nouvelles.

Éd. Babel, 6,50 €.

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