Ma mer, cette super-héroïne
Stimulateur d’hydratation, anti-inflammatoire, régulateur du microbiome cutané: les super-pouvoirs des produits issus du monde marin sont en train de révolutionner le secteur cosmétique. Plongée au coeur de leurs étonnants bienfaits et des technologies vertes développées pour préserver leurs milieux naturels.
Longtemps, les actifs marins ont été la signature des marques de thalasso. Masques aux boues marines, bain à l’eau de mer, crèmes aux algues avaient le don d’abreuver la peau en minéraux et d’emporter l’esprit au large. Depuis quelques années, la recherche sur les ingrédients de la mer a pris une nouvelle ampleur. On parle de micro-algues, de biotechnologies, d’exo-polysaccharides. Et c’est en Bretagne que tout se passe. Logique, c’est autour de ses 3000 km de côtes que se situe la plus grande surface sous-marine de la terre et qu’étudient une soixantaine de centres de recherches. Une configuration exceptionnelle qui fait d’ailleurs de la France l’un des premiers fournisseurs en actifs cosmétiques marins au monde. Dans l’archipel de Bréhat, là où sont installés les laboratoires de la marque Algologie et du fabriquant d’actifs Biotech Marine, la zone est baignée à la fois par les eaux chaudes du Gulf Stream et les courants de l’Arctique, donnant naissance à la plus grande diversité d’algues au monde. «Ce champ d’observation, il faut y faire attention. On ne peut plus se contenter de ramasser ce que la mer nous donne et d’épuiser le milieu naturel. C’est là qu’interviennent les biotechnologies. Elles sont un moyen génial d’obtenir des actifs puissants tout en ayant une pression raisonnée sur la nature», explique Romuald Vallée, directeur du centre de recherche de Phytomer (qui fournit aussi d’autres marques en actifs). Le principe: des micro-organismes sont mis en culture dans des bioréacteurs. Un procédé «vert» qui permet, à partir d’une seule microalgue récoltée, d’en reproduire à l’infini. Il peut aussi créer des «bébés» algues, qui seront ensuite cultivés sur des cordes en mer. Surtout, dans ces cuves dont on peut contrôler tous les paramètres (température, salinité, exposition aux UV…), il est possible de «stresser» les micro-algues et de leur faire fabriquer les molécules qui intéressent le plus les scientifiques, notamment des exo-polysaccharides, sucres aux propriétés très variées.
DES VERTUS POUR LA PEAU
Les applications sont presque infinies, allant de l’hydratation à l’anti-inflammation, de l’anti-tache à la régulation du microbiome cutané, «le» sujet du moment. «On travaille dessus depuis six ans, souligne Romuald Vallée. On s’est rendu compte qu’il ressemblait beaucoup au bactério-plancton (l’ensemble des bactéries qui vivent dans la mer). On possède par exemple des algues bleues à la surface de la peau. Elles font partie de notre microbiote, ce sont des descendantes des algues bleues originelles des océans. Elles possèdent probablement des rôles antioxydants et protecteurs très forts. D’autre part, pour communiquer entre elles, les bactéries de la surface de la peau produisent des exo-polysaccharides, que l’on réussit à obtenir par biotechnologie », détaille-t-il. Le filon marin n’est pas près de s’épuiser. La grande majorité des organismes marins – micro-algues, bactéries – est encore inconnue de l’homme.
• • • UNE SOURCE DE SANTÉ ET DE BIEN-ÊTRE «On ne peut pas bien vivre sans contact avec la mer ou l’océan. La vie y est née », affirme le médecin généraliste Guillaume Barucq, auteur de Surf thérapie et DétoxSeafication(1). Les bienfaits sont immenses à humer l’air salé et à se tremper dans l’eau, comme à contempler l’océan, ce qui réduit le stress et ses méfaits sur l’organisme. C’est ce constat qui a conduit à la naissance des centres de thalassothérapie au XIXe siècle. «On s’était rendu compte que diverses maladies respiratoires se guérissaient ou se prévenaient sur le littoral. Hippocrate conseillait déjà les bains et l’air de la mer. Ce sont les bases de la médecine », rappelle le Dr Barucq, qui invite chacun·e, en cette période de Covid-19, à se laver chaque jour le nez au Stérimar. Un geste aussi essentiel que le savonnage des mains. Le sel attire l’eau des voies respiratoires et incite à se moucher et à éliminer les germes. Un réflexe à prendre aussi par les allergiques au pollen. DES MINÉRAUX EN ABONDANCE Les pouvoirs revitalisants du milieu marin sur l’organisme tiennent à sa richesse en oligoéléments et en sels minéraux. Pour en profiter, on remplit ses poumons d’air salé et on ne craint pas de boire la tasse. «Lors de la baignade, les minéraux passent essentiellement par micro-ingestion de petites quantités lorsque les lèvres s’humectent. On ingurgite ainsi entre 30 ml d’eau de mer et 300 ml si on boit la tasse, ce qui contribue aux apports essentiels», poursuit le médecin. L’eau de mer est aussi riche en micro-organismes qui stimulent l’immunité et nourrissent la flore intestinale. Par la peau, les minéraux s’infiltrent également, surtout lorsque l’eau est chaude. Mais se baigner toute l’année en eau froide présente un autre avantage, celui de renforcer l’immunité et de revigorer l’organisme. Les plus frileux·ses se contenteront d’une marche à mi-cuisse. Lorsqu’on vit loin des côtes, les ampoules d’eau de Quinton, une eau de mer dessalée, sont un précieux substitut. Et on fait le plein d’iode en consommant coquillages, algues et sel de mer enrichi. UN ÉLÉMENT TONIFIANT L’eau est un milieu idéal pour se dépenser: dans la mer, on pèse environ huit fois moins que son poids, ce qui allège la pression sur les articulations. Selon sa forme, ses goûts et ses objectifs, on choisira ses activités. Le longe-côte, marche rapide en bord de mer, est parfait pour remplacer la course et épargner chevilles ou genoux. «Ça muscle les jambes, les fessiers et les abdos tout en activant le drainage», commente la coach Lucile Woodward, créatrice de programmes forme, dont «Défi jambes fines», «Défi ventre plat » et « Natation » (2). Pour un peu plus d’intensité, la nage avec palmes est recommandée. «C’est très cardio, en plus de renforcer efficacement les cuisses, les fessiers et les abdos», poursuit la coach, qui conseille de débuter avec des palmes courtes. Brasse, crawl ou nage papillon accompagnent le mouvement des jambes et font bosser les bras et le dos. Autres pratiques destinées aux plus sportif·ves, le kayak pratiqué à un bon rythme renforce les abdos et favorise le ventre plat. Le surf travaille aussi la sangle abdominale. Les battements de jambes pour chercher à prendre la vague au large musclent et drainent le bas du corps. «C’est une discipline anticellulite géniale», estime Lucile Woodward. Pour les plus stressé·es, faire la planche est un bon réflexe relaxant. «On est obligé·e de totalement lâcher prise, car si on se contracte, on coule», explique Julie Laurent-Marotte (3), sophrologue et coach au Klay. Et si une vague vous bouscule et vous fait boire la tasse, votre corps vous dira merci.
1. Éd. Surf Prévention. 2. Sur lucilewoodward.com 3. julielaurentmarotte.com