3 QUESTIONS
À SALOMÉ BERLIOUX, AUTEURE ET ENTREPRENEUSE SOCIALE(1)
Confrontée à la PMA, vous vous étonnez de la méconnaissance qui l’entoure… C’est un sujet tabou. On ne se sait pas comment se positionner vis-à-vis de l’infertilité. Et n’aborder la PMA que sous l’angle de l’élargissement des droits aux femmes seules et aux couples homosexuels – un débat légitime – biaise le jugement, alors qu’initialement, elle a pour vocation de réparer les difficultés médicales de couples hétérosexuels. La qualité des spermatozoïdes a chuté de moitié en quarante ans, sans parler de l’endométriose et du syndrome des ovaires polykystiques. Ce problème va empirer.
Votre couple souffre “d’infertilité inexpliquée”…
Cela concerne 10 à 15 % des couples qui n’arrivent pas à procréer. Quand ils sont honnêtes, les médecins osent dire :
« Je ne sais pas », face à une infertilité inexpliquée, sans responsabilité médicale.
Vous décrivez la douleur physique due aux traitements et celle, psychologique, de ces “deuils successifs” que sont les fausses couches précoces…
C’est un parcours du combattant avec des gestes médicaux très invasifs pour les femmes. Si un homme subissait des piqûres sur le sexe et finissait en sang, on le préviendrait. Une femme, « c’est pas grave, elle va s’adapter». Quatre ans de traitement, quinze essais, ça crée des traumatismes, je me réveille encore la nuit, affolée : « J’ai oublié de faire ma piqûre ! » C’est douloureux aussi pour les hommes: «Et si ça ne marchait jamais?» C’est toute la vie qui est à reconfigurer avec ce doute et cette angoisse existentielle.
1. cheminsdavenir.fr 2. Éd. Stock.