BANDES (DESSINÉES) À PART
LA PLUS STIMULANTE
d’Akiko Higashimura
Elles sont copines, ont la trentaine et sont célibataires… Les ressemblances avec Sex and the City s’arrêtent là. Les trois jeunes femmes de Tokyo Tarareba Girls n’ont rien de bourgeoises ambitieuses aux professions glamour. Koyuki travaille dans le bar de son père, Kaori est manucure et Rinko, scénariste de séries, a été mise au placard pour laisser place à plus jeune qu’elle. Ensemble, elles refont le monde en buvant pour oublier leurs histoires d’amour sans issue, la pression sociale et leur anxiété face à l’avenir. Sous son humour irrésistible, cette série de la brillante mangaka Akiko Higashimura (Le tigre des neiges, Trait pour trait, Princess Jellyfish) brosse un portrait sans concession de la société japonaise contemporaine, dans laquelle il n’est pas facile, pour une femme, de tracer son chemin hors des conventions. Anne-Claire Norot
Éd. Le Lézard Noir, 11 €.
LA PLUS FULGURO-POING Goldorak de Dorison, Bajram, Cossu, Sentenac et Guillo, d’après l’oeuvre de Gō Nagai
Apparu en 1978 dans l’émission de télévision pour enfants Récré A2, Goldorak, le premier robot géant à avoir conquis les écrans français, marqua les esprits. Plus de quarante ans après, son culte reste vivace chez celles et ceux qui l’ont découvert à l’époque, parmi lesquel·les le scénariste Xavier Dorison et le scénariste-dessinateur Denis Bajram. Cette bande dessinée se déroule dix ans après la fin de la série originelle. Quelques ultimes représentants de Véga, l’empire ennemi, et leurs robots, les fameux Golgoths, menacent la Terre, exigeant l’évacuation du Japon pour s’y installer. Seul Goldorak pourrait les vaincre, oui, mais il a disparu… Parfaitement fidèle à l’esprit de la série, cohérent et moderne à la fois, ce Goldorak nous fait renouer avec un plaisir de l’enfance et retrouver des ami·es (Actarus, Phénicia, Alcor, Vénusia…). A-C.N.
Éd. Kana, 24,90 €.
LA PLUS ENGAGÉE Les contraceptés. Enquête sur le dernier tabou de Guillaume Daudin, Stéphane Jourdain et Caroline Lee
Slip chauffant, injection hebdo d’énanthate de testostérone, vasectomie… La contraception masculine, sur le papier, fait plutôt froid dans le dos aux hommes français – ils sont moins frileux aux États-Unis. On ne saurait trop leur conseiller Les contraceptés, enquête journalisticographique de Guillaume Daudin et Stéphane Jourdain illustrée par Caroline Lee, qui bat en brèche réticences et idées reçues. Les auteurs, façon gonzos, admettent qu’eux-mêmes ont laissé leurs tendres moitiés se charger de la question. Ils ont, du coup, déterré des études, interviewé des expert·es, si bien que, de bulle en bulle, se dessine une évidence: une contraception masculine à grande échelle est possible, pourvu qu’on y mette une volonté politique. Avec rigueur et légèreté, cette BD oeuvre à bouter le patriarcat hors des chambres à coucher. Thomas Jean Éd. Steinkis, 19 €.