Marie Claire

14 QUESTIONS D’APRÈS MINUIT

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Dormez-vous bien la nuit?

Oui. Tant de choses se réparent dans le sommeil…

Votre mère vous embrassait-elle au coucher?

Oui, elle disait : «Bonne nuit mon petit chéri joli », je pense.

Votre boisson et nourriture nocturne? Le vin, plutôt rouge. Ad lib. Avec du tabac, ad lib. aussi. Et comme nourriture, ce qu’il y a dans le frigo. Avant de venir, j’ai cuisiné. Un gratin de légumes, une salade de betteraves concombres et noix, j’ai mis un poulet au four, ça fait des réserves.

La nuit efface-t-elle les soucis du jour? Ça les sublime. La nuit et le sommeil ont un pouvoir réparateur, c’est magique ce truc-là.

Qu’y a-t-il sur votre table de nuit? Une vieille lampe en alu, que j’ai depuis quarante ans et qui aurait appartenu à Jean-Pierre Melville. Je l’avais récupérée à l’époque où l’on vidait l’appartemen­t au-dessus de chez moi, où il avait dû vivre.

Et des livres. Ce qui a tué John Lennon (1) de Lesley-Ann Jones; le livre de mon psy, Patrick Delaroche, Jouer pour de vrai (2), sur le psychodram­e analytique, technique adressée au départ à des enfants souvent psychotiqu­es ou autistes.

Vos carburants d’après minuit? Alcool, Xanax, sucre, sexe, drogue?

Le vin. Sucre, certaineme­nt pas. Xanax, j’en ai pris à certains moments, des antidépres­seurs aussi, mais ce n’est pas compatible avec mon métier. La drogue, rien à foutre. Je trouve ça nul. Pourquoi dépenser une fortune pour cette merde? Le pétard ne me réussit pas. Le sexe, quand ça peut, quand ça veut, y’a pas d’heure. Mon psy, après la première saison, me dit: «Vous savez ce que Lacan dit du sexe? Le sexe n’est d’aucune utilité, il ne résout rien.» Je pense que c’est vrai. Mais je ne dis pas que ce n’est pas merveilleu­x.

Avez-vous une bonne étoile?

Oui, en ce moment, j’aurais tendance à dire oui. Il m’est arrivé de consulter des astrologue­s. C’est très beau, poétique, les noms des constellat­ions. Très jeune, on passait des soirées à boire du pastis avec un ami qui me lisait les tarots de Marseille.

Boule à facettes?

J’en ai même acheté une. J’aime bien les fêtes avec mes enfants, je danse. Il m’arrive même de danser par terre, histoire de leur montrer que tout est possible.

La nuit la plus dingue?

Une nuit en tournage dans le village le plus haut du Chili, dans le désert d’Atacama, à 4000 m d’altitude, sous la voûte étoilée. C’est l’endroit où il y a les meilleurs télescopes du monde. Au temps des Aztèques, des gens y montaient pour y attendre la mort dans la position du lotus.

Le plus trash, la nuit?

Le viol. Un jour, une jeune femme qui venait d’être violée, en état de choc, a tapé à la vitre de ma voiture. Je lui ai demandé: « Voulezvous qu’on appelle la police?» Une armada de flics est arrivée. J’ai demandé de ses nouvelles le lendemain. Elle était de Rennes, je crois. Elle avait passé la nuit à l’Hôtel-Dieu et avait été renvoyée chez elle. Je l’imaginais repartir seule chez elle en train. C’est terrible.

Qu’aimez-vous le plus la nuit?

Ce qui est en train de se passer: la serveuse et la patronne de l’Ave Maria qui participen­t à la conversati­on.

Les mots de la nuit?

Ce qui est merveilleu­x, c’est qu’il n’y en a plus. C’est l’ineffable, l’indicible. Et c’est l’inconscien­t.

Le parfum de la nuit?

La lavande que l’on met sous l’oreiller pour favoriser le sommeil.

La chanson de la nuit?

Nature Boy (3). (Il entonne: «There was a boy… »)

1. Vies et morts d’une légende, éd. Alisio.

2. Du psychodram­e individuel à la psychanaly­se, éd. Érès. 3. D’Eden Ahbez.

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