Les abstractions vibrantes de Shirley Jaffe
Installée en France dans les années 50, l’Américaine a construit, dans son minuscule atelier-appartement parisien, l’une des oeuvres les plus marquantes de la peinture abstraite du siècle dernier. Le Centre Pompidou lui consacre une grande rétrospective. Retour sur son parcours.
UNE VIE DÉDIÉE À L’ART
Née en 1923, Shirley Jaffe a pris pied à Paris dès les années 50. Elle a momentanément partagé l’atelier de Sam Francis à Arcueil, puis sous-loué l’atelier de Louise Bourgeois, rue Daguerre. En 1969 et jusqu’à sa mort, en 2016, elle a rejoint le quartier Latin, rue Saint-Victor. Dans le «coin salon» de la pièce unique où elle vivait et travaillait seule, les visiteur·ses devaient, pour s’asseoir, prendre place sur son lit. Son atelier était son appartement. Et son appartement, son atelier.
UNE OEUVRE DYNAMIQUE
Shirley Jaffe a découvert la peinture en visitant une exposition de Vassily Kandinsky à New York, lors d’une sortie lycéenne. Plus tard, elle est passée, comme lui, d’une pratique gestuelle à une peinture abstraite et géométrique. Moins de matière et plus de couleurs, formant sur le blanc de la toile des ovales, des diagonales, des cercles qui claquent comme des oriflammes. La vitalité franche de ses compositions et son sens du rythme la relient à Henri Matisse et ses papiers découpés.
UNE RECONNAISSANCE TARDIVE
Il aura fallu qu’elle disparaisse pour que Shirley Jaffe bénéficie enfin, à Paris, d’une grande rétrospective. Après son décès en 2016, douze toiles, versées par dation, ont enrichi les collections du Centre Pompidou. C’est ce qui lui vaut cette exposition qui déroule toute sa carrière. En regard de ses oeuvres, on peut découvrir ses précieuses notes d’atelier: Shirley Jaffe tenait en effet pour elle-même un « journal » de ses tableaux en cours.
«Shirley Jaffe, une Américaine à Paris. Rétrospective», du 20 avril au 29 août au Centre Pompidou, Paris 4e. centrepompidou.fr