LES PROPOSITIONS DES CANDIDAT·ES À LA PRÉSIDENTIELLE
“SI DEMAIN, VOUS ÊTES ÉLU·E, QUELLES SERAIENT VOS MESURES PHARES POUR LUTTER CONTRE LES FÉMINICIDES ET POUR QUE LES PLAINTES DES VICTIMES ABOUTISSENT ET DÉBOUCHENT SUR LA CONDAMNATION DES AUTEURS D’AGRESSIONS SEXUELLES ET DE VIOLS?” C’EST LA QUESTION QUE NOUS AVONS POSÉE AUX PRINCIPAUX PRÉSIDENTIABLES.
Propos recueillis par Catherine Durand et Corine Goldberger
JEAN-LUC MÉLENCHON
LA FRANCE INSOUMISE
«Pour empêcher ces crimes, nous devons prendre le problème à la racine. Les associations ont fait un travail formidable pour identifier les remèdes. Il faut désormais passer à l’action. Le milliard nécessaire sera investi sans plus attendre. Nous avons rédigé un plan de manière détaillée à partir de leurs recommandations. Cela passe en partie par l’éducation à l’égalité dès le plus jeune âge. Mais il faut d’abord parer à l’urgence. Les personnels de la police et de la justice seront formés et dotés de moyens en conséquence, tels les téléphones “grave danger” et les bracelets anti-rapprochement. Le nombre de places d’hébergement manquantes a été établi par les associations. Notre plan y remédiera aussi. Il est temps que la vague #MeToo trouve un écho concret dans les politiques publiques mises en oeuvre. »
ÉRIC ZEMMOUR
RECONQUÊTE
«Je systématiserai le port de bracelets anti-rapprochement pour les personnes condamnées pour des violences conjugales et j’augmenterai le nombre de places dédiées aux victimes de violences conjugales dans les centres d’hébergement. Je déplore le laxisme indécent de la justice. Prenons l’exemple de la tragédie qu’une jeune lycéenne de 15 ans à Saint-Lô a vécu: un réfugié l’a violée, tout le monde l’a admis au procès, mais… il a été acquitté en 2018. On l’a excusé car “il n’avait pas les codes culturels”, selon son avocate… Comment peut-on accepter une telle situation? C’est pourquoi je remettrai en place les peines planchers pour tous les crimes et les délits, notamment sexuels.»
VALÉRIE PÉCRESSE
LES RÉPUBLICAINS
«Je créerai une juridiction spécialisée, comme cela a été mis en place en Espagne, avec la possibilité d’avoir des ordonnances de protection en moins de six jours. Je souhaite que le féminicide soit inscrit dans le code pénal car c’est le fait de tuer une femme parce qu’elle est une femme. Il faut faire de la prévention dès l’école: lancer des campagnes au sein de l’Éducation nationale, et populariser le “violentomètre” (outil de prévention pour “mesurer” si une relation amoureuse est basée sur le consentement, ndlr) auprès des jeunes. Former les policiers, établir un process clair et identifié, avec des dépôts de plaintes standardisés, et une instruction dans les 72 heures en cas de danger imminent. Et il faut que les associations de protection des femmes puissent travailler en lienétroit avec les commissariats comme cela se fait dans de nombreux territoires.»
YANNICK JADOT
EUROPE ÉCOLOGIE LES VERTS «J’investirai un milliard d’euros dans la lutte contre les violences faites aux femmes pour garantir une meilleure efficacité dans l’éloignement des conjoints ou ex-conjoints en facilitant l’attribution et le déploiement des dispositifs du téléphone “grave danger” et du bracelet anti-rapprochement. Nous lancerons un grand plan de formation au repérage des violences sexistes et sexuelles de l’ensemble des professionnels et mettrons en place des tribunaux spécialisés dans les violences de genre. Je triplerai le nombre de places d’hébergement spécialisé réservé aux femmes. J’augmenterai les financements des associations de terrain. Ma première mesure sera d’améliorer l’accueil réservé aux femmes lors de leur dépôt de plainte par la mise en place de lieux d’accueil dédiés au sein des commissariats et par un élargissement des possibilités de dépôt de plainte dans les hôpitaux et les espaces médicaux. Plus aucune plainte ne sera refusée ni déclassée en main courante. »
EMMANUEL MACRON
LA RÉPUBLIQUE EN MARCHE
« L’égalité femmes-hommes sera à nouveau la grande cause du quinquennat. Depuis 2017, nous avons agi sans relâche pour éradiquer le fléau des féminicides, mais nous devons encore faire plus. Et nous allons le faire. Nous avons déployé 3500 téléphones “grave danger” et mille bracelets anti-rapprochement. Nous avons étendu les horaires du 39 19 (24 heures sur 24, 7 jours sur 7) et ouvert 60 % de places d’hébergement supplémentaires. Si je suis réélu, je mettrai en place des pôles juridictionnels spécialisés dans les violences conjugales, pour un traitement rapide et global, à la fois sur le plan civil et pénal. Plus largement concernant les violences sexuelles, les forces de l’ordre, les magistrats et les enseignants sont mieux formés à leur détection. Nous avons favorisé la libération de la parole et l’écoute des victimes par le dépôt de plainte au sein de deux cents établissements de santé. Pour aller plus loin, je souhaite créer un fichier de prévention des violences conjugales qui recensera les incidents et affichera la totalité de l’historique du dossier.»
ANNE HIDALGO
PARTI SOCIALISTE «Je m’inspirerai de la réforme de la justice menée par le Premier ministre socialiste espagnol: création “d’agents protecteurs” au sein d’une unité spécialisée, déploiement d’ordonnances de protection, distribution de dix fois plus de bracelets anti-rapprochement qu’en France, et création d’un parquet national spécialisé. Je me suis déjà engagée à mettre un milliard d’euros dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Je mettrai en place la suspension de l’autorité parentale du conjoint violent. Et il faut mettre un terme à la correctionnalisation des crimes. Les parlementaires socialistes ont lutté pour qu’un seuil d’âge soit fixé en dessous duquel une pénétration sexuelle serait jugée de fait comme un viol. Mais il y a des risques que, ce crime soit correctionnalisé. C’est parfois le cas pour des viols avec des victimes de 10, 11 ou 12 ans considérées comme consentantes. Ce n’est pas supportable. »
FABIEN ROUSSEL
PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS
«Je souhaite l’attribution d’un milliard d’euros pour la lutte contre les violences conjugales et une augmentation des moyens alloués aux associations, le renforcement, la création et le financement de centres d’hébergement réservés aux femmes victimes de violences et à leurs enfants. Des lieux dédiés permettant d’héberger et de mieux suivre les conjoints ou ex-conjoints violents. Des moyens en plus pour la formation d’officier·ères de police judiciaire. Chaque département sera pour cela doté d’un centre de psychotraumatologie avec un accueil médico-judiciaire et un centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) pour les victimes et leurs enfants. Je m’engage pour que les crimes sexistes et sexuels ne relèvent que d’une cour d’assises.»
(*) Marine Le Pen ne nous a pas répondu à temps.