Marie Claire

Danielle Casanova

- Par Françoise-Marie Santucci

NÉE À AJACCIO AU DÉBUT DU XXE SIÈCLE, DANS UNE FAMILLE D’INSTITUTEU­RS Danielle Vincentell­a Perini arrive à ANCRÉS À GAUCHE, Paris avant ses 20 ans pour suivre les cours de l’école dentaire. En parallèle, elle s’investit dans le militantis­me étudiant et rejoint les Jeunesses communiste­s, dont elle devient l’une des dirigeante­s. À l’aube des années 30, la voilà mariée à un jeune Corse, Laurent Casanova, rencontré à Paris. Elle travaille dans un petit cabinet dentaire de la capitale tout en restant fidèle à ses engagement­s: elle prend la direction de la toute nouvelle Union des jeunes filles de France, rattachée aux Jeunesses communiste­s. Principal objectif: défendre l’égalité des sexes, a fortiori pour celles issues des milieux populaires. Mais la Seconde Guerre mondiale arrive. Danielle Casanova passe dans la clandestin­ité et multiplie les actes de bravoure: elle monte des réseaux féminins, aide à la lutte armée, ravitaille ceux traqués par la Gestapo – c’est lors d’une de ces missions-là qu’elle est arrêtée. Après des mois d’emprisonne­ment à Paris et en banlieue, c’est la déportatio­n, en janvier 1943, dans le fameux « convoi des 31 000 ». Arrivées à Auschwitz-Birkenau, ces 230 femmes, pour la majorité des résistante­s communiste­s, soudées et solidaires, chantent La Marseillai­se avant de se faire tatouer leur matricule, du numéro 31625 au 31854 – d’où le surnom du convoi. Il manque une dentiste au camp? Danielle Casanova se porte candidate. Son statut «privilégié» (en réalité un peu moins pire que celui des autres), elle le met inlassable­ment à profit pour aider ses amies d’infortune, qui en nourriture, qui en tâches moins pénibles, ces Marie-Claude Vaillant-Couturier, Maï Politzer ou l’écrivaine Charlotte Delbo (qui publiera plusieurs ouvrages indispensa­bles sur ces années atroces*). En mai 1945, seules quarante-neuf de ces 230 femmes reviendron­t en France. Pas Danielle Casanova, qui, dès le 9 mai 1943, succombe au typhus. À la Libération, elle est célébrée comme l’une des plus grandes résistante­s françaises et son nom baptise nombre de rues, écoles ou monuments du pays. (*) Aucune de nous ne reviendra et Le convoi du 24 janvier, éd. de Minuit.

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La militante pendant un discours, vers 1933-1935.

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