Marie Claire

MARCO PANCONESI

- Par Vicky Chahine

Avez-vous le sentiment que les bijoux sont devenus incontourn­ables pour créer une silhouette?

J’ai travaillé pour plusieurs grandes maisons, Givenchy, Balenciaga, Fendi, et aujourd’hui en parallèle de ma marque Panconesi créée en 2018, je chapeaute les collection­s de Swarovski. J’ai constaté que les bijoux étaient l’un des essentiels du vestiaire. Il n’y a plus un défilé sans bijoux, surtout dans les matières non précieuses qui autorisent plus d’extravagan­ce. Sans compter les téléréunio­ns qui ont favorisé la demande pour les pièces sculptural­es.

Vous avez votre marque et travaillez comme consultant, que vous apporte cette dualité ?

C’est intéressan­t de pouvoir diriger sa marque, de développer son langage, de connaître les impression­s des clients. Depuis 2021, je travaille chez Swarovski avec Giovanna Engelbert et c’est une approche différente de la créativité. Lorsque l’on collabore avec d’autres marques, il faut imaginer un design pour un univers qui n’est pas forcément le sien mais c’est très enrichissa­nt de confronter les points de vue.

Quels sont vos matériaux phares? Pour Panconesi, je me suis porté vers des bijoux au luxe accessible pour pouvoir toucher le plus grand nombre. Dans mon studio parisien, où travaillen­t quatre personnes, nous dessinons et nous préparons les prototypes, tout est fait ensuite dans une usine familiale en Toscane, près de Florence d’où je viens. J’aime créer à partir des pierres, des gemmes, du laiton argenté… Par exemple, j’ai une collection avec des pierres précieuses travaillée­s en forme de goutte, trempées dans de l’émail coloré qui se solidifie au contact de la chaleur pour devenir une seconde peau. C’est un procédé personnel inspiré par la minéralisa­tion des pierres naturelles qui apporte une double couleur et une double texture très graphiques.

Vos collection­s évoquent un univers éclectique, qu’est-ce qui vous inspire? Je me suis installé à Paris il y a onze ans, lorsque j’ai rejoint le studio de Givenchy, à l’époque où Riccardo Tisci était directeur artistique. J’ai décidé d’y rester car c’est proche de chez moi mais aussi loin et en regardant le passé avec distance, il devient souvent plus inspirant. Je puise dans beaucoup d’autres univers. Le piercing, notamment, qui a infusé ma collaborat­ion avec la marque de Charlotte Knowles, KNWLS, avec ces boucles d’oreilles façon «barbell» (haltère, ndlr). Je pourrais citer aussi l’époque gréco-romaine et la folle constructi­on des bijoux victoriens que je collection­ne au même titre que les perles, les pierres, les bagues…

On parle beaucoup de “gender fluidity” dans la mode, quel impact observezvo­us sur la joaillerie?

Aujourd’hui, on s’autorise à s’affranchir de la norme pour s’habiller selon ses envies. Il y a le même phénomène côté bijoux avec de plus en plus de gens désireux de porter des pièces non genrées. On travaille aussi cette démarche chez Swarovski avec une approche «no gender» du cristal. Lorsque je conçois des pièces pour ma marque, je ne pense pas à une femme ou un homme, mais à l’objet et la façon dont il peut embellir le corps. Tout est une question de proportion­s, de couleurs, de portés… Je vois les bijoux comme des petites sculptures. D’ailleurs, j’aimerais bien un jour les produire en grand format.

(*) marcopanco­nesi.com

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CONVERSATI­ON
1. Créoles Serpent
Panconesi x KNWLS. 2. Collection Family Jewels Panconesi. 1
STYLE CONVERSATI­ON 1. Créoles Serpent Panconesi x KNWLS. 2. Collection Family Jewels Panconesi. 1
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Marco Panconesi.
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