Marie Claire

KHALIL BEN GHARBIA

Révélé sur petit écran à 20 ans, il fait ses premiers pas au cinéma dans le sulfureux film de François Ozon, Peter von Kant*. Mélange de douceur et de férocité, intranquil­le mais ultradéter­miné, il foudroie l’écran à chacune de ses apparition­s.

- Par Maroussia Dubreuil Photo Daria Svertilova

1

HAUTBOIS Né d’une mère marocaine qui travaille dans le marketing et d’un père tunisien danseur et joueur de flûte orientale, il grandit à Vincennes. Vers l’âge de 6 ans, après un an d’initiation à la guitare et au piano comme son grand frère, son choix se porte finalement sur le hautbois. Dix ans de pratique au conservato­ire finissent par rendre « ses joues élastiques ». Son morceau préféré : le concerto du compositeu­r italien Domenico Cimarosa.

2

BAGUES DENTAIRES Ému par Le salon de musique de Satyajit Ray et Dreams d’Akira Kurosawa, que ses parents lui font découvrir à 10 ans, il se met en tête de devenir acteur. Sur Facebook, il envoie un message au directeur de casting de Game of Thrones pour lui dire, modestemen­t, que la série a besoin de lui. Le soir, il se met à pleurer en réalisant qu’il porte des bagues dentaires: impossible d’avoir un rôle d’époque dans ces conditions ! Par la suite, il contacte Jim Jarmusch et Alejandro Jodorowsky.

3

KURT COBAIN À 15 ans, sensible au grunge, il délaisse le hautbois pour se mettre à la guitare comme son idole Kurt Cobain. «J’ai passé beaucoup de temps à lire ses journaux intimes car j’avais la sensation qu’il ne se jugeait pas quand il écrivait, or je recherchai­s cette liberté d’expression. Grâce à cela, je me suis permis de noter des choses que je trouvais crues et un peu sales en me disant que si c’était en moi, il était légitime que ça existe.» Sa première chanson porte le nom de Daisy… « Comme la marguerite ! » dit-il.

4

DOUCHE FROIDE Ado, en proie à une grande anxiété et frustré de ne pas trouver les mots pour dire ce qu’il ressent, il reste parfois immobile à cogiter.

« Plus je cherchais de la logique dans le monde, plus je réalisais qu’il n’y en avait nulle part.» Pour éviter de passer la journée prostré, en tête-à-tête avec ses posters de Kurt Cobain, Jimi Hendrix et Iggy Pop, il se met en action… Il prend une douche froide, voit des amis, se balade mais ce qui fonctionne le mieux, ce sont les cours de théâtre à L’Orangerie, à Vincennes.

5

BLED Tous les deux ans, il passe ses étés dans le village de son père, au nord de la Tunisie. Ça s’appelle Les Rivières car, quand il pleut, l’eau serpente dans les collines. «Être au bled me ramène à l’essentiel: manger, dormir, attendre… » C’est aussi là qu’il a regardé en boucle avec son frère et son cousin les séries de films Matrix, Le seigneur des anneaux et Transforme­rs, avant de fabriquer des épées avec des branches de bambou et de jouer à se lancer des cailloux et des fumigènes.

6

COACH Il est recalé une première fois au casting de Peter von Kant à cause de son jeune âge. Mais François Ozon le rappelle après l’avoir vu dans Nattåget (The Night Train), un court métrage suédois de Jerry Carlsson dans lequel il séduit un garçon de son âge. Après plusieurs essais pour le rôle d’Amir, un jeune homme modeste qui devient le gigolo d’un célèbre réalisateu­r, Ozon lui présente son coach sportif. «C’est à ce moment-là que j’ai compris que j’avais le rôle!»

7

ALOE VERA Il a gardé des objets en souvenir de ses tournages: la guitare qu’il a fracassée dans une scène de la série Netflix Les 7 vies de Léa ; un couteau de mer de son dernier film, Le paradis, tourné dans le milieu carcéral, en Belgique; un aloe vera, de la part de son partenaire Denis Ménochet sur Peter von Kant. «Il me l’a offert le lendemain d’une scène compliquée, accompagné d’un petit mot très gentil. Il veillait sur moi et venait toujours me voir dans ma loge pour vérifier que tout allait bien quand nous tournions des scènes intimes.»

(*) Avec aussi Denis Ménochet, Isabelle Adjani, Stefan Crepon… En salle le 6 juillet.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France