Marie Claire

14 QUESTIONS D’APRÈS MINUIT

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Dormez-vous bien la nuit?

Je suis sujet à des insomnies, encore plus en période de création. En fait, ça a commencé avec la naissance de ma première fille, Isimbi. Comme chez plein de parents, ça a déclenché chez moi un sommeil saccadé.

Votre mère vous embrassait-elle au coucher?

J’aurais bien aimé, mais j’ai grandi sans maman. Elle habitait en France et moi au Burundi, avec mon père.

Vos boissons et nourriture­s nocturnes? Vin blanc, gin tonic… Si je suis à Paris, j’aime bien avaler une crêpe de rue. Au Rwanda, en général, ce sont plutôt des brochettes de chèvre avec des frites. À la maison, je bois beaucoup de thé, de toutes sortes.

La nuit efface-t-elle le jour et les soucis ?

Non, au contraire, la nuit est un moment où tout ce que je ressens affleure de façon plus violente. Je connais une très forte angoisse nocturne liée au fait qu’être allongé me procure une sensation de vulnérabil­ité.

Qu’y a-t-il sur votre table de nuit? Des livres. En ce moment, Connemara (1) de Nicolas Mathieu. Cinq dans tes yeux (2) d’Hadrien Bels. Rester barbare (3) de Louisa Yousfi. Ainsi pleurent nos hommes (4) de Dominique Celis.

Je relis aussi Tout s’effondre (5) de l’écrivain nigérian Chinua Achebe.

Vos carburants ? Alcool, Xanax, sexe, drogue, sucre?

Drogue, sucre, Xanax, non. Alcool, modérément. Sexe, oui. C’est le meilleur carburant pour bien s’endormir.

Avez-vous une bonne étoile? Oui. La preuve, je suis toujours vivant (Il rit.)

Boule à facettes?

Je suis beaucoup sorti très jeune dans ce quartier de la Bastille où je vous ai donné rendez-vous. Je connaissai­s tous les bars dansants de la rue de Lappe. C’est dans les parages que j’ai donné mes tout premiers concerts. Ça me fait drôle d’y revenir.

La nuit la plus dingue?

Celle où Violaine, ma femme, a perdu les eaux pour la première fois. À la Maternité des Lilas, on nous a demandé de rentrer chez nous car le col n’était pas assez ouvert. Violaine, qui est infirmière, savait que pour l’ouvrir, il faut marcher. Ce qu’on a fait, des heures, au hasard dans le quartier. C’était un 5 décembre, il neigeait et c’était très beau, quasi irréel. On est revenus au milieu de la nuit et on a attendu. L’accoucheme­nt s’est déroulé à 18 heures.

Le plus trash, la nuit?

À Paris, tomber sur des familles dormant dehors. Pour le coup, c’est vraiment trash.

Qu’aimez-vous le plus la nuit?

Le fait que les Rwandais s’ouvrent quand on partage un verre avec eux. Si l’on veut connaître l’âme d’un pays, il faut se rendre la nuit dans un cabaret. C’est pour ça que j’aime tant sortir la nuit là-bas. J’aime la sincérité que procure la nuit.

Les mots de la nuit?

Pour moi, la nuit, c’est le silence. Je bois le silence, je l’apprécie profondéme­nt. C’est aussi la respiratio­n de mes filles et de ma compagne endormies.

Le parfum de la nuit?

L’odeur nocturne du goudron à Paris, la rosée du matin à Kigali.

La chanson de la nuit?

A prince de Jorja Smith.

1. Éd. Actes Sud. 2. Éd. de L’Iconoclast­e. 3. Éd. La Fabrique. 4. Éd. Philippe Rey. 5. Éd. Actes Sud.

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