3 QUESTIONS
À ESTHER DUFLO, PRIX NOBEL D’ÉCONOMIE.
Elle publie dix livres consacrés à la pauvreté à l’adresse des enfants*. Une façon de leur faire comprendre les mécanismes et les enjeux de celle-ci et de les inciter à la combattre, comme elle nous l’explique.
Pourquoi avez-vous eu envie de vous adresser aux enfants ?
Les enfants n’ont pas encore intégré tous les stéréotypes qui troublent le regard de nombreux adultes sur la pauvreté. Ces dix histoires mettant en scène des personnages qui leur ressemblent et les illustrations de Cheyenne Olivier permettent de faire passer des messages importants et subtils sur la santé, l’éducation… Et pour les parents qui ont besoin d’un peu plus d’aide, il y a une explication à la fin.
Devrait-on les initier à l’économie?
Les économistes ont une réputation exécrable, en partie parce que beaucoup les associent aux banquiers en cravate qui pontifient à la télévision. Mais l’économie est une science riche et pleine de contrastes… En exposant les enfants aux problèmes qui nous touchent, dans toutes leurs dimensions – économique, historique, politique, géographique… –, nous créerons la culture qui leur permettra de les résoudre ensemble.
Les enfants sont-ils de plus en plus victimes de la pauvreté dans le monde ?
De 1990 à la crise du Covid, la mortalité infantile a décru de moitié, presque tous les enfants allaient à l’école, l’extrême pauvreté a aussi diminué de moitié… La crise du Covid a été un vrai cataclysme économique et les pays riches n’ont pas fait montre d’une solidarité suffisante. La hausse des prix de l’énergie et de l’alimentation se greffe sur cette situation fragile pour créer des crises potentiellement sévères et durables. Les prochaines années seront difficiles pour les pays pauvres, ils savent qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes.
(*) La pauvreté expliquée par Esther Duflo, illustrations de Cheyenne Olivier, dès 5-6 ans, éd. du Seuil Jeunesse, 9,90 € le volume.